easyJet base Toulouse

Airbus A320 easyJet © Depositphotos

easyJet ferme sa base Toulouse

La fermeture de la base toulousaine s’inscrit dans une réorganisation stratégique des activités d’easyJet en France…

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Le 31 mars 2025, la base de la compagnie low-cost britannique easyJet à l’aéroport de Toulouse-Blagnac va officiellement fermer ses portes, treize ans après son ouverture en 2012. Cette décision, annoncée en septembre 2024, marque la fin d’une ère pour la ville rose, berceau de l’aéronautique européenne, et soulève des questions sur l’avenir de la connectivité aérienne régionale ainsi que sur le sort des 125 salariés concernés. Retour sur les raisons, les conséquences et les perspectives de cette fermeture.

Une décision motivée par des enjeux économiques

La fermeture de la base toulousaine s’inscrit dans une réorganisation stratégique des activités d’easyJet en France, motivée par des difficultés économiques persistantes. La compagnie a invoqué « une reprise plus lente post-Covid » et « la pression inflationniste » comme principaux facteurs ayant affecté sa capacité à maintenir des opérations rentables à Toulouse. Avant la pandémie, quatre avions étaient basés à Blagnac, mais ce nombre avait été réduit à deux en 2022 dans une tentative de rationalisation des coûts. Malgré ces efforts, la base n’a pas retrouvé sa rentabilité d’avant-crise : en 2023, easyJet a transporté 1,7 million de passagers depuis et vers Toulouse, contre plus de 2 millions en 2019.

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Cette situation contraste avec les résultats globaux de la compagnie, qui a enregistré un bénéfice record de 610 millions de livres sterling pour l’exercice 2023-2024, en hausse de 34 % par rapport à l’année précédente. Ce paradoxe a suscité l’incompréhension des syndicats, notamment l’Union des navigants de l’aviation civile (UNAC), qui a dénoncé l’absence de justification économique claire pour fermer une base dans une ville aussi stratégique que Toulouse.

easyJet ferme sa base Toulouse, des salariés face à un dilemme difficile

Les 125 employés de la base, 40 pilotes, 82 hôtesses et stewards, et 3 managers, sont directement impactés par cette décision. Après trois mois de consultations avec les syndicats, un accord sur un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) a été conclu en décembre 2024 et validé par la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) début janvier 2025. Deux options ont été proposées aux salariés : une mutation vers l’une des six autres bases françaises d’easyJet (Paris-Charles-de-Gaulle, Paris-Orly, Lyon, Nantes, Nice ou Bordeaux) ou un départ volontaire avec une indemnité de licenciement.

Pour ceux optant pour la mobilité, une prime de 25 000 euros, une prise en charge des frais de déménagement et un logement temporaire jusqu’en juin 2026 ont été proposés. Les salariés choisissant de quitter l’entreprise ont reçu une indemnité variant entre 30 000 et 100 000 euros selon leur ancienneté et leur qualification. Environ deux tiers des employés auraient accepté une mutation, tandis que le reste a préféré mettre fin à leur collaboration avec easyJet. Cette fermeture a néanmoins laissé un goût amer, certains dénonçant un manque d’investissement dans la base toulousaine au profit d’autres implantations.

Une réduction drastique des destinations

Si easyJet ne quitte pas totalement Toulouse, la compagnie continuera d’y opérer des vols, la fermeture de la base entraîne une réduction significative de son offre. Sur les 20 destinations desservies jusqu’au 31 mars 2025, seules 10 ont été conservées à partir du 1er avril. Les lignes maintenues incluent cinq destinations domestiques (Paris-Orly, Lyon, Nantes, Nice et Bâle-Mulhouse) et cinq internationales (Londres-Gatwick, Bristol, Genève, Milan-Malpensa et Palma de Majorque). Des liaisons populaires comme Marrakech, Lille, Rennes, Porto ou Berlin ont été supprimées, réduisant de moitié la connectivité de l’aéroport.

Les deux Airbus A320 basés à Toulouse ont été redéployés vers Lyon et Nantes, mais easyJet promet de maintenir une capacité de 1,5 million de sièges en 2025, conservant ainsi sa position de troisième compagnie aérienne à Toulouse-Blagnac en termes de trafic. Philippe Crébassa, président de l’aéroport, a souligné que « easyJet reste un partenaire de premier plan » et que des discussions sont en cours pour étoffer l’offre à l’avenir.

easyJet ferme sa base Toulouse, un coup dur pour l’aéroport de Toulouse-Blagnac

Cette fermeture s’ajoute aux défis déjà rencontrés par l’aéroport, qui peine à retrouver son dynamisme d’avant-Covid. En 2024, son trafic n’atteignait que 83 % de celui de 2019, et l’annonce récente de la suppression de la navette Air France vers Paris en 2026 accentue les incertitudes. La décision d’easyJet est perçue comme un nouveau revers pour une plateforme qui mise sur sa position stratégique et la croissance démographique de la région pour attirer les compagnies aériennes.

Cependant, des opportunités émergent : la compagnie Twin Jet a annoncé dès janvier 2025 un renforcement de sa liaison Toulouse-Rennes, avec trois vols quotidiens à partir du 31 mars, visant à compenser partiellement la perte de cette destination chez easyJet. Cette initiative illustre une volonté de résilience face à la restructuration du secteur aérien.

Une mobilisation sans succès

L’annonce de la fermeture avait suscité une vive réaction. En septembre 2024, le collectif « TLS Crew » avait lancé une pétition sur Change.org, recueillant plus de 2 400 signatures pour tenter de faire plier la direction. « C’est l’ADN aéronautique toulousain qui est frappé en plein cœur », avait écrit le collectif, soulignant les retombées potentielles sur l’emploi et la connectivité. Malgré cet élan, la décision est restée irrévocable, et le dernier vol au départ de la base, vers Rennes le 29 mars 2025, a même tourné à la galère pour certains passagers en raison d’une annulation de dernière minute.

Perspectives : vers une adaptation nécessaire

La fermeture de la base easyJet à Toulouse reflète les mutations du transport aérien en Europe, où les compagnies low-cost ajustent leurs réseaux pour maximiser leur rentabilité dans un contexte économique tendu. Pour l’aéroport de Toulouse-Blagnac, l’enjeu est désormais d’attirer de nouveaux acteurs ou de renforcer les partenariats existants pour compenser cette perte. Si easyJet reste présente, son rôle sera réduit, laissant la porte ouverte à d’autres compagnies pour saisir les opportunités d’une région en plein essor.

Ce tournant, bien que douloureux pour les salariés et les habitants, pourrait être une occasion de repenser la stratégie aérienne de Toulouse, entre ambitions économiques et impératifs environnementaux, dans un secteur en constante évolution.

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