18 janvier 2025
relance Air Antilles

ATR Air Antilles © DR

Air Antilles, la relance en retard

Air Antilles, redémarrage retardé…

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Air Antilles a suspendu ses activités fin septembre 2023 après la mise en liquidation de sa holding. La compagnie aérienne a depuis changé de propriétaire. Air Antilles se prépare depuis pour sa relance. Air Antilles est une compagnie aérienne française basée en Guadeloupe.

Air Antilles ne pourra pas redémarrer en janvier 2024 comme l’espérait auparavant le nouveau PDG Jérôme Arnaud. La compagnie aérienne est désormais sous une nouvelle propriété mixte, la commune de Saint-Martin détenant la majorité des parts. L’histoire a montré que les compagnies aériennes publiques de la région ont souvent du mal à gagner de l’argent et constituent avant tout un fardeau financier. Alors pourquoi la commune de Saint-Martin a-t-elle sauvé Air Antilles ?

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Des difficultés dommageables

Le groupe du Caire, propriétaire d’Air Antilles et d’Air Guyane, était lourdement endetté et faisait l’objet de vives critiques de la part de ses salariés pour ses mauvaises conditions de travail. La saison estivale a été marquée par une grève massive organisée par 42 des 225 pilotes du groupe. Elle a conduit à l’immobilisation quasi totale de tous les avions. Cette décision a été prise en raison de la frustration du PDG Eric Kourry, de son manque d’intérêt pour le dialogue, de son manque de respect de certains accords conclus et des demandes d’augmentation de salaire. Les pilotes se sont mis en grève le 14 juillet et n’ont repris le travail que le 2 août, après la liquidation du groupe. Début août, Kourry déclarait à RCI Guadeloupe :

Je ne suis pas fatigué de me battre, je suis pragmatique. Je crois que nous faisons des affaires avec une population radicale qui refuse de négocier. Depuis 6 jours, nous sommes en médiation avec l’Etat. Ils refusent de retourner au travail, pas même de rapatrier les leurs. Nous avons des gens radicaux. Nous parlons de 42 grévistes qui vont ruiner une entreprise de 220 personnes aux Antilles et en Guyane.

Eric Kourry

À l’époque, les appels à la démission du PDG étaient nombreux. Au-delà du « conflit social » au sein du groupe du Caire l’entreprise est également confrontée à un endettement toujours plus lourd.

Air Antilles, une restructuration nécessaire avant la relance

Le plan avancé pour la restructuration du groupe du Caire prévoyait la dissolution d’Air Guyane et le maintien d’Air Antilles mais dans des opérations plus réduites et plus contraintes. Cela comprenait une flotte et des effectifs réduits. Elle a été rachetée par le Cipim, holding relevant du groupe Edéis, partenaire de la collectivité saint-martinoise.

La compagnie aérienne prévoit de se regrouper d’abord sur des destinations nationales avant de s’étendre plus loin. Le PDG Jérôme Arnauld a souligné le projet de consolidation d’Air Antilles pour sa relance dans un entretien à Guadeloupe La 1ère le 30 septembre :

Les effectifs et les destinations ont donc été calibrés pour 5 avions : 3 ATR pour desservir Saint-Martin, la Guadeloupe et la Martinique et deux Twin Otter pour desservir Saint-Barthélemy, car les avions ATR ne peuvent pas atterrir à Saint-Barthélemy.

Jérôme Arnauld

Cela s’est traduit par 176 licenciements, dont 31 dans les opérations d’Air Antilles en Martinique, 67 en Guadeloupe et l’ensemble des 78 salariés sous le nom d’Air Guyane.

(re)démarrage lent

La nouvelle compagnie aérienne devait être lancée en début d’année. Il apparaît désormais que ce n’est peut-être pas le cas. Un rapport indique qu’Air Antilles n’a pas encore été en mesure de redémarrer ses opérations car le certificat de transporteur aérien émis par la DGAC est toujours en attente. La compagnie aérienne prévoyait de recevoir le certificat d’ici le 31 décembre 2023.

Compte tenu du retard, il semble qu’une relance d’Air Antilles en février ou mars soit plus réaliste. Brieuc Hardy, le représentant du Syndicat National des Pilotes de Ligne, a déclaré :

« Nous sommes bloqués par la décision de l’autorité de l’aviation civile. Nous voyons cette reprise délicate se dérouler et, du moins pour le moment, sans les autorisations nécessaires, nous ne pouvons pas retourner dans le ciel des Caraïbes. C’est quelque chose que nous attendons avec impatience. Et puis, nous pensons aussi à nos collègues du groupe du Caire qui ont été licenciés et qui sont amenés à se réinventer et à retrouver du travail. C’est particulièrement difficile à accepter. « .

Relance Air Antilles, connectivité ou rentabilité ?

La région des Caraïbes est connue pour son industrie aéronautique locale instable. En proie à des faillites de compagnies aériennes ou à des transporteurs publics qui accumulent de lourdes dettes.

Le PDG Jérôme Arnaud a évoqué les nouvelles priorités d’Air Antilles dans une interview accordée à Guadeloupe La 1ère :

Nous donnerons avant tout la priorité à la vocation de la compagnie qui est desservir les populations, d’assurer un service régulier et ponctuel et de restaurer la régularité et la confiance de nos passagers.

Jérôme Arnaud

D’un point de vue simplifié, il existe deux modèles différents que les compagnies aériennes caribéennes ont tendance à suivre, répertoriés ci-dessous :

Priorité principalePriorité secondaire
Modèle 1RentabilitéConnectivité intra-insulaire
Modèle 2Connectivité intra-insulaireRentabilité

Air Antilles suivait auparavant Model 1 en tant que compagnie aérienne privée indépendante appartenant au groupe du Caire. La collectivité saint-martinoise étant désormais entrée au capital du transporteur, son modèle va probablement basculer vers le second où la connectivité intra-insulaire devient la priorité et la rentabilité vient après.

Pourtant, la connectivité est essentielle pour ces îles, presque entièrement isolées et dépourvues de liaisons aériennes solides. Depuis la suspension d’Air Antilles, les prix sur certaines lignes qu’elle exploitait ont grimpé en flèche. Par exemple, sur la route de Pointe-à-Pitre à Grand Case, Air Caraïbes était la seule compagnie aérienne reliant directement les deux villes quotidiennement. Les prix étaient si élevés que le site d’information local Guadeloupe La 1ère en a parlé, soulignant les avantages tarifaires d’Air France qui a récemment introduit un service bihebdomadaire sur le secteur depuis le mois dernier.

Air Antilles est essentiel pour la connectivité régionale entre ces îles. Cela dit, mettre l’accent sur la connectivité pourrait signifier que la rentabilité est négligée.

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