18 janvier 2025
Boeing 777 de la compagnie aérienne Air France

Air France Boeing 777 © EyOne

Si ça avait été le contraire ?

Coup de gueule ! Encore une fois diront certains… Mais le fond du problème est ailleurs : ai-je tort de le pousser ?

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Air France Boeing 777-200 F-GSPP © Philippe Noret - AirTeamimages
Air France Boeing 777-200 F-GSPP © Philippe Noret – AirTeamimages

Coup de gueule ! Encore une fois diront certains… Mais le fond du problème est ailleurs : ai-je tort de le pousser ?

Ces derniers temps, la presse s’est fait l’écho de problèmes en vol. Pas les cabrioles d’une collectionneuse, encore qu’on lui a donné une place qu’elle ne mérite sans doute pas. Non, je parle de la vidange du B777 Air France. Voici un avion qui perd la bande de roulement d’un pneu au décollage à grande vitesse (après V1), dont un morceau projeté en avant est aspiré par un moteur, moteur qui va « pomper » suite aux dégâts. Pour les néophytes, le pompage est un dysfonctionnement grave qui peut mener à la destruction du moteur, voir à l’explosion de ses parties internes. La dernière fois que ce scénario s’est produit, c’était le 25 juillet 2000, lorsque Concorde s’est écrasé sur un hôtel de Gonesse… Les passagers ont vu des flammes énormes derrière le moteur et entendu les déflagrations. L’équipage est resté calme et a parfaitement géré ce problème, « comme au simu ». Ils ont maîtrisé la trajectoire, traité la panne sans délai, rassuré les passagers (nombreux sont ceux à avoir adressé une lettre de félicitations), préparé l’atterrissage en vidangeant une partie de leur carburant, et posé leur appareil sur un moteur et avec un pneu endommagé. Que pouvaient-ils faire d’autre ? Se poser en surcharge avec un pneu presque détruit aurait engendré de gros risques. Pour la vidange, c’est le contrôle aérien qui leur a attribué un espace, ils n’ont pas choisi d’aller « arroser » pierre, paul ou jacques. Une fois au sol, Air France tenait un « nouveau » B777 prêt, avec son équipage, et tout le monde est reparti de CDG moins de deux heures plus tard ! Quelle compagnie est capable de faire ça ?

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Ce qui est insupportable, c’est de voir sur quoi s’est focalisée la presse… A part PNC Contact, je n’ai pas vu de journaliste en profiter pour expliquer, pour mettre en avant le professionnalisme des pilotes et la réactivité de la compagnie.

A côté de ça, un autre B777, d’Emirates, a brûlé au sol il y a quelques mois car les pilotes ont tenté de remettre les gaz sans s’assurer que les moteurs fournissaient de la poussée… Dès l’aéroclub, les pilotes apprennent que l’on lie l’assiette (angle de l’avion dans le plan vertical) et la poussée. Les pilotes de ce vol ont mis 12 secondes entre le moment où ils ont cabré l’avion et le moment où ils ont réajusté la poussée… Trop tard : 3 secondes plus tard, l’avion s’écrase en perte de vitesse ! Personne n’en a parlé,  à part PNC Contact. Personne ne réalise que cet accident n’est pas juste une statistique de plus, mais un révélateur des problèmes qu’il y a à faire voler les équipages aux limites de la réglementation, et à prétexter de la fatigue pour ne plus les laisser piloter à la main, en mode basique. Cet accident qui n’a heureusement pas fait de victimes (à part un pompier au sol), servira sans doute longtemps dans les programmes de sécurité des vols. Le pilotage basique, celui que l’on apprend à l’aéroclub, est le socle du métier de pilote et de la sécurité des vols. Mais alors que ce socle a montré des failles graves, pas une voix ne s’est élevée pour se demander comment ils ont pu en arriver là.

Je l’ai déjà écrit : méfiez-vous de ce que raconte la presse généraliste. Ils vous parlent de ce qui les intéresse (ce qui fait vendre), n’exercent plus leur esprit critique et connaissent très peu de choses à l’aviation.

Pour terminer, je vous propose un petit exercice : imaginez ce que la presse aurait raconté si un B777 d’Emirates avait vidangé après son décollage de Paris et si un B777 d’Air France s’était écrasé à Dubaï parce que les pilotes ont « oublié » de remettre de la poussée sur leurs moteurs pour reprendre de l’altitude…

Christophe C, pilote Air France
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17 thoughts on “Si ça avait été le contraire ?

  1. @Alex LM

    Vos propos sont déroutants et montrent que vos connaissances sont relativement limitées…
    Effectivement, le Dubaï, c’est comme le Toronto, sauf dans sa médiatisation ! Et si vous avez compris dans mes propos que les pilotes ont « géré » l’atterrissage, relisez donc une nouvelle fois car ce ne sont pas ceux dont vous parlez qui ont « géré ». Mais j’ai peur que vous ne fassiez partie de ceux qui gobent aveuglément les bêtises des journalistes.

  2. Bonsoir,
    Article et commentaires intéressants, sauf qu’il s’agissait d’un A330-200 et non pas d’un 777.
    Il faut savoir egalement qu’il n’existe pas de vidange carbs sur cet appareil et que sous peine d atterrir en surcharge nos collègues ont DU tourner en rond pour alléger l’avion et se poser normalement , sur 2 moteurs .

    1. Bonjour,
      L’appareil qui a vidangé au dessus de la foret de fontainebleau etait bien un Boeing 777-300ER qui effectuait le vol AF852. De quel incident parlez vous ?

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