Air Méditerranée n’a semble-t-il pas supporté la baisse de trafic lié aux événements des printemps arabes de 2011. C’est en tout cas l’argument de son PDG pour expliquer la création de la filiale grecque Hermès dont le seul but serait de sauver la maison mère… Hermès Airlines exploitera 6 des 10 appareils de la compagnie pour la saison été 2012 et les équipages ont la chance d’avoir reçu des propositions de reclassement au pays de la feta et de la crise économique. Précision qui peut avoir son importance, une baisse de salaire de 20% à 40% en prime de déménagement. Les personnels de la compagnie ont donc fait parvenir une lettre ouverte à présidence de la république pour alerter les autorités sur la situation et les risques à venir pour l’ensemble de la profession sous pavillon français !
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Lettre ouverte des salariés:
« Notre entreprise, nos emplois, le transport aérien français, sont violemment menacés !
Avec la complicité des autorités, l’emploi à Air Méditerranée est délocalisé !
On nous arrache notre outil de production, notre PDG, profitant de la crise actuelle, méprisant ses salariés, leurs représentants et le dialogue social, vient de créer une filiale grecque avec des navigants soumis au droit social grec pour y délocaliser sauvagement la majeure partie de notre flotte (60 % des avions concernés à ce jour). Ceci afin de profiter au mieux des bas salaires grecs, et de cotisations sociales inférieures dans le but de délocaliser ses bénéfices.
Cela en faisant faire à cette nouvelle société, Hermès, nos propres vols vacances du marché français au départ de Roissy Charles de Gaule comme de nos villes de province : Marseille, Lyon, Nantes, Toulouse, Le Havre, Brest, Lille, Limoges, Strasbourg, Mulhouse… etc.
Dans le même temps, notre société a lancé un « Plan social » afin de licencier 85 personnes, dont 83 navigants.
Cette situation concerne un bien plus grand nombre de salariés (200 personnes environ sur 450 emplois habituels) puisque des CDD français qui venaient habituellement renforcer nos effectifs de mars à octobre iront également pointer au chômage et seront remplacés par des salariés soumis au droit grec bien plus avantageux pour les employeurs.
Les conséquences sociales et économiques sont proprement scandaleuses : dumping social, délocalisation du marché français, coût du chômage, sabordage de la production française, pertes de cotisations sociales pour les régimes sociaux français…
Au train où vont les choses, nous nous attendons, si rien n’est fait, non seulement à la poursuite des plans de la délocalisation de 6 avions sur 10, mais au départ de toute notre flotte, à la disparition de notre entreprise, et pire encore à ce que la méthode se propage aux autres compagnies aériennes françaises qui ne sauront résister à ce dumping social. Ces pratiques honteuses font les affaires d’un tout petit nombre et causent l’appauvrissement et le désarroi du plus grand nombre.
L’Europe doit-elle se construire en exploitant ses populations les plus fragilisées et en tirant vers le bas l’ensemble d’un secteur industriel et commercial, l’aviation ?
Nous ne le pensons pas et faisons appel à vous tous, en particulier à ceux d’entre vous qui sont en exercice ou aspirent à l’être afin de mettre un terme à cette situation scandaleuse et indigne de notre démocratie.
Devons-nous abandonner tout espoir d’exercer nos métiers en France, puis s’expatrier avec nos compétences en Asie ou en Grèce ? C’est déjà une réalité pour beaucoup de nos collègues qui ont été victimes de dépôts de bilan, cela ne s’était pas encore produit suite à une délocalisation sauvage comme celle que nous connaissons aujourd’hui.
Notre compagnie qui a été bénéficiaire de très nombreuses années, connaît des difficultés depuis deux ans, nous déplorons qu’aucun plan sérieux d’économie organisationnelle, opérationnelle, ou concernant la gestion du carburant (40 % des coûts d’exploitation contre 10 % pour la masse salariale, dixit notre PDG) n’ait été instauré avant de penser au PSE, nous pensons que la création de la filiale grecque a précipité les pertes et affecté gravement la trésorerie, transformant des difficultés passagères en prétexte à tous les abus d’une « Direction-actionnaire-majoritaire » impulsive et approximative.
Il existe des solutions, nous les avons proposées à la Direction de la compagnie, mais aucune solution interne ne vaudra jamais les perspectives de gains financiers à court terme qu’espère notre Direction avec la délocalisation de son activité vers un pays à moindres coûts sociaux. La partie est perdue pour tous les salariés travaillant en France si l’Europe se traduit par du dumping social.
Ne laissez pas nos emplois disparaître, ne nous abandonnez pas ! »
;(