
En ce deuxième jour de grève nationale contre le projet de loi du gouvernement concernant le fait de se déclarer gréviste 48 heures à l’avance, la mobilisation au sein d’Air France semble prendre de l’ampleur. Chez Air Caraïbes, Corsairfly, XL Airways, Air Tahiti Nui, Air Austral, Air Méditerranée, Aigle Azur il n’y a pas de perturbation. Même si le mouvement n’est, selon Air France, pas très suivi par les hôtesses de l’air et stewards, les pilotes sont fortement mobilisés et le trafic prévu pour aujourd’hui est de 50% des longs courriers et 70% des moyens et courts courriers.
Les grévistes demandent au gouvernement de retirer au plus vite ce projet de loi qu’ils jugent inacceptable vis-à-vis du droit de grève dans le secteur privé. Un porte-parole du SNPL a même annoncé hier sur France Info que, si ce texte était adopté, ce serait la première fois que le secteur privé verrait son droit à la grève restreint. Cela est évidement faux puisque que, par exemple, les personnels des cliniques privées participant au service public (PSPH) sont soumis à la réquisition en cas de grève par circulaire ministérielle de 1989 (DH/284).
Au vue des différents sondages qui pullulent sur la toile une forte majorité de l’opinion publique est en faveur de ce texte (liens en bas de page). En cette période électorale il y a fort à parier que le gouvernement ne bougera pas sur ce dossier afin de contenter un maximum d’électeurs possibles face à une population souvent vue comme constituée de nantis, travaillant peu et surpayés. Cela est d’autant plus vrai que cette grève est, rappelons-le, principalement suivie par les pilotes qui sont la quintessence de la caricature précédente.
Pendant ce temps, a chaque minute qui passe, la compagnie aérienne Air France perd de l’argent. La dernière grève, peu suivie, avait fait perdre 5 millions par jour. Celle-ci, entraînant bien plus d’annulations, pourrait faire perdre plus de 7 millions par jour à une société qui n’en a sûrement pas les moyens à l’heure actuelle. Comme le dit Jean Claude Cros « Air France a vécu une quatrième année consécutive de perte, alors que Lufthansa, British Airways, Ryanair, Easyjet, alignent les bénéfices. Malev et Spanair viennent de cesser leur exploitation » la situation n’est pas des plus brillantes et l’avenir économique plus qu’incertain. CM-CIC Securities a indiqué qu’Air France n’avait d’autre choix que de recapitaliser pour faire face à l’emballement de sa dette et à son bilan jugé fragile. Toujours selon l’analyste, cette recapitalisation pourrait voir entrer au capital une compagnie du Golfe telle Emirates, cette option est la plus favorable. L’autre serait une recapitalisation dictée par le marché avec des perspectives encore bien moins réjouissante.
Une question se pose donc, le jusqu’auboutisme syndical ne risque-t-il pas d’entraîner Air France dans une spirale infernale. La compagnie aérienne n’a clairement pas les moyens de supporter des pertes supplémentaires et il serait fort dommage que ce mouvement soit le baroude d’honneur syndical avant qu’Air France ne passe sous pavillon économique étranger…
Restons clair, malgré la tourmente financière dans la quelle A.F est plongé, la volonté des P.N et agents du sol n’est pas de pénaliser la compagnie par cette grève mais de protéger le droit de grève et ne pas devenir des travailleurs de second-ordre.
Je dis cela tout en faisant parti moi même d’une autre compagnie (orange et bénéficiaire) donc aucun parti prit pour la compagnie tri-colore.
Une restructuration est nécessaire, surtout sur les lignes « Europe », mais il faut garder en tête et ne focaliser les gens (et les médias) que sur nos revendications et qu’elles ne portent que sur la protection d’un droit légitime et non d’acquis sociaux ou financier.