29 novembre 2024
Volcan Island

Volcan Island © DR

Ce volcan qui paralyse le monde

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L’Europe et même le monde s’en souviendront. On a dénombré hier 17 000 vols annulés dans l’espace aérien européen. En France, seuls restent ouverts les aéroports de Toulouse, Montpellier, Pau, Tarbes, Biarritz et Perpignan dans le Sud-Ouest. L’Espagne a rouvert sept aéroports. Cette paralysie du ciel coûte 147 millions d’euros par jour.

La situation ne va s’arranger tout de suite, car le volcan islandais est toujours en éruption et continue de répandre dans toute l’Europe son nuage de cendres. Ces nuages peuvent limiter la visibilité et endommager les réacteurs des avions. Aujourd’hui, la quasi-totalité de la France sera concernée par ces fines particules en suspension dans l’atmosphère. S’il pleut lundi dans le Sud-Ouest, on pourrait retrouver un peu de cendres sur le sol.

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Un long dimanche d’attente guette des milliers de voyageurs. Trois élues de Tarn-et-Garonne sont bloquées en Jordanie depuis vendredi. Un enseignant toulousain en poste à Madagascar, Sébastien Ambit, qui voulait rejoindre sa famille dans la Ville rose, est bloqué à Johannesburg, en Afrique du Sud, depuis jeudi sans espoir d’en redécoller avant… vendredi prochain. Joint au téléphone hier soir, Sébastien Ambit a fait part de son désarroi : « Air France m’a payé deux nuits d’hôtel, mais après, je ne sais pas comment je vais faire ».

Plusieurs personnalités politiques tentent de traverser l’Europe pour regagner leur pays. La chancelière allemande Angela Merkel, de retour des États-Unis, a dû passer la nuit de vendredi à Lisbonne, celle d’hier à Bolzano au nord de l’Italie. Elle a dû renoncer à assister aux obsèques du président Kaczynski en Pologne. Le président américain Barack Obama et Nicolas Sarkozy ont aussi déclaré forfait.

L’ex-Monty Python John Cleese, en rade à Oslo, a payé 3 800 euros de taxi pour rejoindre Bruxelles.

Les trains sont pris d’assaut. La SNCF propose aujourd’hui 8 500 places supplémentaires sur les lignes ferroviaires internationales. Mais en région, et dans le sud en particulier, cela coince en raison d’un mouvement de grève (lire en page 6).

C’est la pagaille dans les transports et le chaos dans les aéroports. Mais l’enfer, c’est en Islande autour du volcan Eyjafjöl.

Là-bas, il fait nuit en plein jour et il pleut des cendres.


Toulouse : Météo France surveille les cendres

Ce n’est pas la peine de lever les yeux au ciel. Le nuage de cendres provoqué par l’éruption d’un volcan islandais est invisible à l’œil nu, et son panache apparaît à peine sur les images des satellites météorologiques européens.

Ce nuage invisible est toutefois «suivi» avec beaucoup d’attention par les prévisionnistes du Centre d’observation des cendres volcaniques (VAAC) de Toulouse qui informent en temps réel l’aviation civile.

La surveillance du volcan Eyjafjöll, le suivi du nuage, relève de la compétence du VAAC de Londres.

«Le centre de Toulouse fait tourner son modèle de diffusion des polluants en fonction des vents indiqués par les modèles de prévisions»,explique François Dausse, prévisionniste à Météo France. «Et tout porte à croire que les choses ne vont pas s’arranger avant mardi car le flux est orienté à l’ouest», poursuit-il . Le vent pousse les cendres vers l’Europe, principalement le Royaume-Uni et la Scandinavie. Mais des poussières volcaniques se déplacent aussi vers le sud du pays, la Méditerranée et les Pyrénées. La quasi-totalité du pays, à l’exception de la Corse, devrait se retrouver aujourd’hui sous une zone touchée par les poussières volcaniques.

Le volcan islandais continue de cracher du feu et les cendres se dispersent dans l’atmosphère, à une altitude pouvant varier entre 6000 et 11000 mètres.

Les particules de cendres qui retombent aujourd’hui sur la France ont été émises il y a déjà quelques jours en Islande. Lundi, avec le retour de la pluie , quelques particules pourraient retomber sur le sol du Sud-Ouest.


Le chiffre : 90

% du pays> Nuage. La quasi-totalité de la France doit se retrouver aujourd’hui sous une zone touchée par les poussières volcaniques. Le nuage progresse vers le sud.


La phrase

« Le plus gros problème, c’est que nous ne disposons d’aucune échéance, contrairement à une tempête de neige dont la fin est prévisible».

Kenneth Thomas, Eurocontrol (navigation aérienne).


L’aéroport de Blagnac resté ouvert

Milan, annulé. Madrid, annulé, Bristol, annulé. Amsterdam, annulé. Hier samedi, à l’aéroport de Toulouse-Blagnac, l’un des rares aéroports français ouverts, les vols étaient déprogrammés les uns après les autres. « Pour l’instant, sur 80 vols prévus à l’arrivée, 60 ont été annulés», précise une hôtesse à l’accueil. En plus, il y a des avions déroutés sur Toulouse, en provenance de Bangkok, Dubaï, l’île de La Réunion, Pointe-à- Pitre, Fort de France… » Pas de train, plus d’avion, beaucoup de passagers cherchent un moyen pour rejoindre leur destination. Hagards et dépités, Annick et Philippe attendent sur un banc à l’extérieur. « C’est le système D. On arrive de la Réunion, on devait atterrir à Orly et rejoindre Biscarrosse en voiture. Finalement, on s’est posé à Toulouse. Personne ne nous dit rien. Un ami de Périgueux vient nous chercher. Et nos enfants descendent d’Orly pour nous récupérer chez lui. » Hier samedi, en milieu d’après-midi, l’aéroport était quasi désert tandis que les files d’attente s’allongeaient devant les loueurs de voitures. Nathalie, son mari et ses deux enfants de 3 et 4 ans arrivent de Punta Cana, en République dominicaine. « On devait se poser à 9h25 à Paris Charles-de-Gaulle. On est arrivé à Toulouse à 14h et on doit retourner chez nous à Cholet, près de Nantes. La seule solution qui nous reste, c’est de louer une voiture . »

S’il en reste ! Chez Avis, Leila n’a pas de véhicule disponible depuis la fin de la matinée.

Plus loin, dans le hall, Fabrice erre à la recherche d’informations. « Je dois partir demain pour le Ghana via Francfort. Personne ne peut me dire si le vol est confirmé. Il faut prendre son mal en patience. » Dehors, Stéphanie, hôtesse de l’air à Air France raccompagne une passagère jusqu’au taxi qui la conduira à la cité phocéenne.. « Ce matin, il y a même un taxi qui est parti de Toulouse vers Lyon. C’est la compagnie qui prend les frais en charge ».

Quant à Fabrice et Fabienne, leur galère continuait. Ce couple belge est tombé en panne de voiture à Port-Bacares. «L’assurance nous a loué une voiture jusqu’à Toulouse. On devait rentrer à Bruxelles en avion. Le vol a été annulé ce midi. On aurait voulu rentrer en voiture mais notre assurance refuse de payer»… Leur trois enfants les attendent à la maison et Fabienne doit travailler lundi. » Une histoire belge pas drôle du tout !

Aéroport de Toulouse-Blagnac,

tel 0 825.380 000.


Va-t-on mordre la poussière?

Les Parisiens ne vont pas se réveiller ce matin couverts de cendres. Mais des particules du nuage provoqué par l’éruption du volcan islandais devaient retomber hier en Ile-de-France. «Il n’y a pas actuellement de risque pour la santé, du fait de la haute altitude et de la dispersion des particules», a-t-on assuré à Matignon. L’Organisation mondiale de la Santé estime qu’un quart environ des cendres rejetées par le volcan islandais contient des particules très fines qui les rendent «plus dangereuses parce qu’elles peuvent pénétrer plus profondément dans les poumons», a expliqué vendredi à Genève la directrice du département de santé publique et de l’environnement de l’OMS Maria Neira.

Les personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques comme l’asthme, l’emphysème ou une bronchite «pourraient être plus sensible à l’irritation si la cendre se trouve dans une atmosphère plus basse et dans des concentrations élevées», selon l’OMS.

Tout dépendra de la durée des émissions du volcan, et de la direction des vents. L’Organisation mondiale de la Santé procède à des analyses des cendres, dont on ne connaît pas encore le résultat. On sait que ces cendres, à l’heure actuelle, n’ont pas ou peu d’incidence sur la santé des hommes des animaux.

Mais que ces fines particules de verre et de roche pulvérisée, ces poussières volcaniques de la taille de quelques microns sont redoutables pour les moteurs ou les carlingues des avions. ..

Les vacances au soleil vont se prolonger pour 5 000 clients de Fram, bloqués dans les hôtels d’Espagne, du Maroc, de Grèce ou de Tunisie. Le tour-opérateur prendra à ses charges les frais de séjour supplémentaires.

« En cette période de vacances, la fermeture des aéroports constitue un énorme handicap pour nous », indique Georges Vialard, directeur de la production de Fram à Toulouse.

Le voyagiste déconseille à ses clients de se rendre dans les aéroports déjà fermés (Paris, Lyon, Nantes, Bordeaux) : « On ne pourra pas les acheminer sur leurs lieux de vacances ».

L’aéroport de Toulouse-Blagnac étant resté ouvert, quelques avions ont pu faire des rotations. Fram propose à ses clients ayant réservé des séjours « des solutions de report sans frais valables pour les 6 mois à venir ».

« Nous faisons un métier de service, et nous faisons le maximum pour porter assistance à nos clients », assure Georges Vialard.

La fermeture des aéroports coûtera cher aux voyagistes. Vendredi, le secrétaire d’État aux Transports Dominique Bussereau leur a demandé « de prendre leurs responsabilités » en s’occupant des voyageurs bloqués.

Ces propos ont été jugés « scandaleux » par le patron de du TO Voyageurs du Monde. « Si on applique les recettes de M.Bussereau, et si cela dure quinze jours, l’ensemble des voyagistes fera faillite ».

Hier, le gouvernement a mis en place une cellule de crise pour organiser le rapatriement des voyageurs : les aéroports civils et militaires du Sud-Ouest pourraient être utilisés.


Ces volcans qui ont ébranlé le monde

yellowstone >Il y a 640000 ans. Situé sur la côte ouest des États-Unis, niché dans le parc de Yellowstone, ce volcan est celui que les Américains redoutent comme possible déclencheur du « Big One », un séisme qui ravagerait la Californie. Ce volcan est une mer de lave de 1 200 km2 située à quelques kilomètres de la surface de la terre. La dernière éruption se serait produite il y a 640 000 ans et aurait été assez puissante pour recouvrir de cendres la moitié de l’Amérique.

sANTORIN >1600 ans avant Jésus-Christ. Santorin est un fragment d’île détruite par une éruption volcanique 1 600 ans avant Jésus-Christ. L’éruption du volcan de Santorin provoqua un tsunami qui traversa la Méditerranée de part en part, et provoqué peut-être la disparition de la civilisation minoéenne en Crête. L’île grecque de Santorin, située dans la mer Égéen, a connu un tremblement de terre en 1956 qui a fait une cinquantaine de victimes.

Le Vésuve >79. Grâce à Pline le Jeune, on connaît exactement comment s’est déroulée le 24 août 79, à partir de 13 heures, l’éruption du Vésuve dans la baie de Naples. Le volcan déverse une masse de cendres et de laves sur Pompéi, Herculanum et Stabies, tuant tous les habitants qui s’y trouvent.

lAKI >1783. L’éruption du Laki, en Islande, fait partie des quatre éruptions qui ont modifié le plus sensiblement le climat de la planète. En 1783, la pollution volcanique décime le bétail, l’activité de pêche est interrompue, ce qui provoque une famine qui tue 20 % de la population islandaise. 1 783 fut une « année de cendres » en Europe du Nord. Selon le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff, la Révolution française de 1 789 couvait, mais « c’est vrai que les cendres du Laki ont opacifié le ciel, et que de mauvaises récoltes ont été liées à cela, peut-être un élément déclencheur ».

tambora >1875. Avec 92 000 morts pour conséquence, l’éruption volcanique du volcan Tambora, dans l’île de Sumbawa en Indonésie, est considérée comme la plus meurtrière dans l’histoire. Une éruption d’une puissance estimée à 8 fois celle du Vésuve, soit plus de cent fois les bombes d’Hiroshima et Nagasaki réunies. La cendre envoyée dans la stratosphère fit plusieurs fois le tour de la Terre, causant des couchers de soleil rougeoyants, peints par Turner. La température chuta : ce fut une « année sans été » pour les paysans européens.

KRAKATOA > 1883. L’Indonésie est une nouvelle fois touchée, avec l’éruption du volcan Krakatoa, qui cause la mort de 36 000 personnes. Des tsunamis frappent les îles voisines de Java et Sumatra. Le panache de cendres volcaniques est monté jusqu’à 80 km dans l’atmosphère.

LA MONTAGNE PELÉE > 1902. Le 25 avril 1902, à la Martinique, ce volcan que l’on croyait éteint se réveille. La Montagne Pelée crache un nuage de cendres. Une nuée ardente engloutit la ville de Saint-Pierre. Il n’y eut que deux ou trois survivants parmi les 26 000 habitants : un prisonnier sauvé par l’épaisseur du mur de son cachot, un cordonnier vivant à la périphérie, et une fillette.

lE mONT SAINT-Helens > 1980. L’éruption est précédée par des séries de tremblements de terre et des jets de vapeur. Le 18 mai 1980, le volcan Saint-Helens, situé dans l’État de Washington aux États-Unis, entre en éruption. On dénombre 57 morts, dont un géologue. Et des milliers d’animaux périssent.

lE nEVADO DEL RUIZ >1985. L’éruption de ce volcan colombien fut très meurtrière. Le 11 septembre 1985, le Nevado del Ruiz crache de la lave. Ce qui provoque une fonte très rapide de la calotte glaciaire. Des coulées de boues, appelées lahars, envahissent la ville d’Armero, tuant 25 000 personnes. Les télévisions du monde entier filment le sauvetage des rescapés. Un photographe landais, Franck Fournier, se rend en Colombie, et saisit l’image de la petite Omayra Sanchez, 13 ans, qui mourra faute de matériel disponible pour la secourir. Cette image reste dans les mémoires.

lE pinatubo > 1991. Après 500 ans de sommeil, le strato-volcan du Pinatubo se réveille aux Philippines. Du mois de juin au mois de septembre 1991, le volcan génère une colonne de cendres. Environ 500 personnes périssent. L’éruption du Pinatubo a provoqué un refroidissement général de 0,6° dans l’hémisphère nord.

la soufrière > 1997. Plymouth, la capitale de la petite colonie britannique de Montserrat, dans les Caraïbes, est rayée de la carte, ensevelie par les coulées de cendres provoquées par l’éruption de La Soufrière, un volcan toujours en éruption. Sabine Bernède


«Le Vésuve menace…»

Jean-Paul Toutain est physicien à l’Observatoire Midi-Pyrénées. Il étudie les volcans en Italie et en Indonésie.

L’éruption du volcan islandais était-elle prévisible?

Les Islandais avaient détecté une activité sismique et des déformations du sol. Le volcan est en éruption depuis le 20 mars. Nul ne peut prévoir combien de temps va durer l’épisode magmatique. L’éruption du Laki, en 1783, avait duré un an…

Quelles conséquences?

Autour du site,l ‘éruption peut modifier la géographie. La zone proche du volcan peut être recouverte de cendres, polluée par le fluor. Mais en Europe, en dehors de la fermeture temporaire d’aéroports, je ne pense qu’il y ait de conséquence.

Quel prochain volcan risque d’entrer en éruption?

En France, le risque le plus élevé se situe en Guadeloupe, avec le volcan de la Soufrière. En Europe, c’est le Vésuve qui est le plus dangereux car il menacerait 1 million de personnes.

Source: ladepeche.fr

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