- Air France A320 ©Air France
Face à la menace d’une grève massive des hôtesses et stewards, la compagnie a repoussé d’un an l’entrée en vigueur de certaines mesures d’économies devant accompagner l’instauration, le 28 mars, du nouveau service européen.
Annoncé en grande pompe en novembre dernier, le nouveau service européen NEO d’Air France connaît des débuts difficiles. Le démarrage de cette offre commerciale, le 28 mars, pourrait en effet s’accompagner d’une grève des personnels navigants commerciaux (PNC), sans précédent depuis la grande grève des hôtesses et stewards de novembre 2007. C’est du moins la menace brandie par la totalité des organisations syndicales de PNC, si la direction ne revient pas sur certaines mesures de réduction des coûts du projet NEO, censé dégager 500 millions d’économies sur le réseau moyen-courrier d’ici à 2013, assorties d’une augmentation de la productivité de 20 %.
Après plusieurs semaines de réunion infructueuses, la direction d’Air France a pourtant lâché du lest. Dans un communiqué diffusé avant-hier soir sur le réseau interne, la direction a, en effet, exclu un passage en force sur la modification des conditions d’utilisation et de rémunération des navigants. « Le temps nécessaire doit être donné à ces discussions qui se dérouleront tout au long de l’année 2010 », affirme le communiqué. Surtout, la direction a reporté à l’exercice 2010-2012 la suppression annoncée d’un PNC sur quatre sur les Airbus A319, qui devait se traduire par 13 millions d’euros d’économies sur l’exercice 2010-2011, mais aussi quelque 200 suppressions de postes et une probable augmentation de la charge de travail des hôtesses et des stewards . « Nous n’avons pas pour objectif d’augmenter la charge de travail des PNC, assure le communiqué. Nous appelons à un dialogue responsable et tout le monde doit mesurer les conséquences désastreuses d’une grève inutile », conclut-il.
Points de crispation
Hier matin, c’était au tour de Pierre-Henri Gourgeon de monter au créneau, à l’occasion de la traditionnelle journée de rencontre avec les personnels navigants commerciaux, comme il l’avait déjà fait le 12 mars avec les pilotes. Après avoir détaillé la difficile situation de l’entreprise et les mesures décidées pour y remédier, le patron d’Air France-KLM a réaffirmé sa volonté de parvenir, par le dialogue social, à un nouvel accord collectif.
« L’accord collectif, qui court jusqu’en mars 2013, ne peut donc pas être dénoncé avant, explique-t-on du côté de la direction. Nous avons donc le temps de trouver un accord gagnant-gagnant sur le moyen-courrier, qui nous permette de retrouver de la compétitivité face aux low cost, tout en offrant des gratifications aux PNC. »
Une nouvelle rencontre ce matin entre les syndicats et la direction devrait permettre de savoir si ces concessions ont porté. Mais hier soir, les syndicats semblaient encore peu disposés à renoncer à la grève. Outre l’habituelle compétition intersyndicale, plusieurs points de crispation restaient encore à régler, comme la réintroduction du plat chaud en cabine Premium sur les vols européens de plus de deux heures trente, ou la suppression d’un PNC sur le vol d’Alger.
Par ailleurs, si la direction se dit prête à négocier, elle entend toujours dénoncer, dès le 28 mars, les protocoles de services qui régissent le nombre de PNC en vol. Compte tenu du préavis légal, syndicats et direction auront donc quinze mois pour trouver un accord avant que n’expirent les accords existants. Ce qui n’est pas gagné. Car même reporté à 2013, l’objectif d’un gain de productivité de 20 %, réclamé aux navigants comme aux personnels au sol, suscite apparemment toujours autant de scepticisme. « Depuis des années, nous constatons une « low-costisation » du moyen-courrier, qui ne semble pas avoir de fin », explique un responsable syndical. On est arrivés à la corde. »
Source: lesechos.fr