
Hier en début d’après-midi, un des hommes du groupe de pelotons d’intervention outre-mer de la gendarmerie (GPIOM) de la Réunion, à l’entraînement sur un des Boeing 777 300 ER d’Air Austral, a tiré à balle réelle sur l’un des hublots immobilisant l’avion.
L’incident aurait pu figurer dans l’un des épisodes des Gendarmes avec Louis de Funès, mais il n’a fait rire ni la direction de la gendarmerie à la Réunion, ni Air Austral. Hier en début d’après-midi, des hommes du groupe de pelotons d’intervention outre-mer de la gendarmerie (GPIOM) de la Réunion sont à l’entraînement sur un des Boeing 777 300 ER d’Air Austral. Le F.ONOU doit assurer dans la soirée le vol à destination de Roissy mais pour l’heure, il est stationné à l’écart de l’aérogare. L’équipe du GPIOM fait partie de l’élite de la gendarmerie locale. En décembre de l’année dernière, ces gendarmes avaient reçu une formation dispensée par le groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) (voir encadré). Hier après-midi, il s’agit pour le GPIOM de simuler la délivrance d’otages retenus par des terroristes après un détournement d’avion. Le B.777 300ER d’Air Austral, heureusement vide comme on le verra par la suite, sert de cadre à l’exercice. Un des hommes du GPIOM escalade rapidement la passerelle installée à hauteur de la porte avant droite et fait feu en direction du fuselage juste avant de franchir l’issue. Dans le cadre d’un exercice, c’est bien évidemment des munitions à blanc qui sont utilisées. Mais là, c’est une vraie balle qui sort du canon. Seul un siège a fait les frais de la manœuvre
Elle traverse les deux épaisseurs d’un hublot. Ces derniers sont composés de deux feuilles d’acrylique si résistantes qu’il est impossible de les briser avec un marteau. La feuille interne est moins épaisse que la feuille externe et comprend un petit trou qui permet la circulation de l’air. Malgré leur dureté, ces hublots sont parfois rayés ou ternis. Pour leur rendre la transparence, on les sable avec une pâte abrasive. Mais après plusieurs opérations, l’épaisseur n’est plus suffisante et il faut changer le hublot. Cette fois, c’est la gendarmerie qui offrira, entre autres, à Air Austral un hublot neuf. Par chance, personne ne se trouvait à l’intérieur de l’avion sur la trajectoire du projectile. La maladresse du gendarme aurait pu avoir des suites tragiques. Seul un siège a fait les frais de la manœuvre. Le B.777 300 ER d’Air Austral se trouve aussi sûrement immobilisé que si un réacteur était tombé en panne. Avec un hublot percé, impossible de pressuriser l’avion et donc d’assurer le vol sur Paris. Dans l’urgence, la compagnie réunionnaise doit trouver des solutions pour acheminer ses passagers. Un Boeing 777 200 ER arrivé de Mayotte a pris hier soir la place du F.ONOU. Plus petit, il lui était impossible d’embarquer la totalité des passagers prévus. Certains ont été acheminés par Air France, d’autres par Corsairfly, d’autres enfin par Air Mauritius via Plaisance. Quelques personnes ont été hébergées. Un hublot neuf devait être embarqué hier soir à Roissy sur un vol à destination de la Réunion. Il sera changé aujourd’hui. Pour la gendarmerie, la facture s’annonce salée. Le gendarme en cause a été longuement entendu hier en fin d’après-midi par ses collègues de la section de recherches. Embarrassé, le commandement de la gendarmerie à la Réunion indiquait hier soir dans un communiqué que “le procureur de la République de Saint-Denis avait décidé d’ouvrir une enquête pour déterminer les circonstances des faits. Le colonel, commandant la gendarmerie de la Réunion a joint monsieur Ethève pour lui présenter ses excuses et lui faire part de ses profonds regrets. Des discussions ont d’ores et déjà été engagées pour que la gendarmerie supporte les dégâts occasionnés par l’incident. Toutes les conclusions seront tirées et des sanctions vont être prises déjà sur un plan administratif.”
Source: CLICANOO.fr