Daniel Braud s’y attendait. L’annonce du départ de Ryanair et de la fin de la ligne Angoulême-Londres est donc tout sauf une surprise pour le président de la CCI d’Angoulême.
« Je regrette ce départ, affirme-t-il. On a cru au contrat que l’on avait signé et nous avons respecté nos engagements. On a consenti des investissements majeurs, sans faire de folie, pour faire de l’aérodrome un aéroport. On a refait la piste, on a amélioré la sécurité, modifié en profondeur le contrôle aérien. Les avions étaient remplis à 87 %, au-delà de l’objectif fixé par Ryanair… Tout cela n’aura pas servi à rien. Aujourd’hui, n’importe quelle compagnie peut venir à Angoulême. J’essaie de positiver et demain, nous allons rebondir ».
Daniel Braud n’entendait effectivement pas rester tributaire éternellement du bon vouloir de Ryanair « qui a rompu unilatéralement, et sans raison valable, le contrat qui nous unissait »…
Ainsi, la CCI serait en contact avancé avec une compagnie hongroise, CityLine Hungary, dont le projet en Charente a été présenté à des élus du Conseil général et du Grand-Angoulême. La compagnie mettrait à disposition de l’aéroport d’Angoulême-Cognac un avion d’environ 70 places et son personnel de maintenance. « Je ne confirme, ni ne démens cette information. Il convient de rester discret pour finaliser les choses », prévient Daniel Braud.
En revanche, le président de la CCI d’Angoulême, admet que l’implantation d’une nouvelle compagnie « serait équivalente en terme de coût » à l’implantation de Ryanair. Trois destinations sont bien envisagées dans le nouveau, mais encore hypothétique projet : Londres, Marseille et Lyon. La liaison vers Londres ? Indispensable, notamment pour les nombreux Anglais qui ont pris l’habitude de prendre l’avion en Charente. L’expérience Ryanair a d’ailleurs démontré que la ligne était tout à fait viable.
Emplois en jeu
Se basant sur une étude de 2007 auprès d’une centaine de grosses et moyennes entreprises de Charente, la CCI mise sur deux liaisons internes transversales, vers Lyon et Marseille. Deux destinations mal desservies par le rail, depuis la Charente.
« Le besoin existe et il est fort », dit le président de la CCI qui cite les déplacements réguliers des employés de DCNS vers Toulon, de Schneider vers Lyon et Grenoble ou d’Héli-Union vers Marseille. « Faciliter le transport des gens qui font des affaires, créer les conditions du développement économique, ça entre vraiment dans le cadre des missions de la CCI, ou du Grand-Angoulême d’ailleurs. Si l’on aboutit sur ce projet, on va amener un service dont on a besoin et qui fera dire aux Charentais que l’argent public n’est pas jeté en l’air. »
Tout se jouera dans les prochaines semaines. Daniel Braud estime que les liaisons commerciales doivent reprendre en mai ou juin. Vingt-cinq emplois, liés aux vols commerciaux, sont en suspens à l’aéroport. « On ne fera pas l’impasse sur l’étude de l’impact négatif financier du retrait de Ryanair. Il est hors de question de ne pas demander d’explications. Les arguments de Ryanair sont un peu légers et, de notre côté, nous avons des éléments qui prouvent que nous avons respecté notre part du contrat. »