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Un pnt d’air austral dénonce la sécurité et porte plainte

Un pilote dénonce l’insécurité à Air Austral et porte plainte

Après Lionel Ramassamy, officier pilote sur Boeing
737, et les dénonciations d’un autre commandant de bord, volant lui
aussi sur B737, David Rocher, officier pilote sur Boeing 777, révèle à
son tour des manquements aux règles de sécurité au sein de la compagnie
réunionnaise. Il a déposé plainte contre X pour mise en danger de la vie
d’autrui.
La sécurité des vols est-elle la préoccupation majeure d’Air Austral ? Posée ainsi, la question peut
paraître iconoclaste. La compagnie réunionnaise affiche un bilan
sécurité irréprochable depuis sa création. Voilà pour la vitrine, mais
en interne les critiques ne manquent pas.

Ceux qui dénoncent ce qu’ils considèrent comme des manquements graves
aux règles de sécurité ne sont pas n’importe qui. Ils sont commandant
de bord ou officiers pilotes.

Il y a eu l’affaire Lionel Ramassamy, officier pilote sur Boeing 737.
En janvier dernier, un commandant de bord sur B737 dénonçait à son tour
des dysfonctionnements (voir encadré). Et voici maintenant David
Rocher, officier pilote sur Boeing 777, qui le 28 décembre 2009 a déposé
plainte contre X auprès du procureur de la République de Saint-Denis
pour "mise en danger de la vie d’autrui."

Nous avions rencontré David Rocher en mars dernier (notre édition du 9
mars). Le 8 janvier dernier, Air Austral avait demandé à la Direction
du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle
l’autorisation de procéder à son licenciement pour faute grave de David
Rocher. Officier pilote de ligne sur Boeing 777, David Rocher était
depuis septembre 2008 délégué syndical du Syndicat national du personnel
de l’aviation civile (SNPAC). Témoin de ce qu’il jugeait être des
dysfonctionnements graves au sein de la compagnie réunionnaise, sa
fonction donnant du poids à ses arguments, Marc Rocher avait choisi la
voie syndicale afin de les dénoncer sans risquer de perdre son emploi.

LICENCIÉ BIEN QUE DÉLÉGUÉ SYNDICAL

David Rocher avait alors évoqué la plainte qu’il avait déposée auprès
du procureur de la République. "Mon avocat m’a conseillé de ne pas
médiatiser pour l’instant cette affaire", nous avait-il indiqué.

Bien que personnel protégé, David Rocher est licencié. L’inspection
du travail somme Air Austral de le réintégrer. L’inspecteur du travail,
Pascal Bies, estime que « les faits reprochés ne sont pas sans lien avec
l’exercice du mandat syndical » de David Rocher. En clair, Air Austral
aurait engagé une procédure de licenciement pour écarter un syndicaliste
soucieux d’exercer pleinement ses responsabilités. Pascal Bies va plus
loin dans son argumentaire pour motiver le refus du licenciement :
« Sans préjuger du fond, il ne peut être reproché à un salarié d’une
compagnie aérienne de signaler des faits qu’il estime de nature à porter
atteinte à la sécurité d’autrui à Monsieur le Procureur de la
République. »

David Rocher n’a pas repris les commandes au sein de la compagnie
réunionnaise mais reste aujourd’hui salarié de l’entreprise. En juillet
prochain, sont prévues des élections pour désigner les nouveaux délégués
syndicaux. "J’ai transmis mon dossier aux pilotes de la compagnie",
explique David Rocher.

C’est par ce canal que nos confrères de Libération ont eu vent de
l’affaire.
Nous sommes en janvier 2001. David Rocher est l’un des deux pilotes aux
commandes d’un appareil d’Air Austral, obligé de faire demi-tour vers
Gillot "sous un véritable déluge", pendant le passage du cyclone Ando.
"J’ai essayé après cet incident de sensibiliser l’encadrement des
personnels navigants techniques sur sa gravité et la nécessité de ne pas
recommencer, confie-t-il. J’ai immédiatement fait l’objet de menaces et
d’injonctions verbales visant à me faire taire. Les nombreux
licenciements de pilotes m’ont fait craindre pour mon emploi."

David Rocher se tait. Mais sept ans plus tard, c’est l’épisode Gamede
(voir encadré). Pour l’officier pilote de ligne la coupe est pleine.
"Ce vol m’a démontré qu’Air Austral n’avait pas pris en considération
ses propres erreurs et n’avait pas mis en place les mesures
indispensables à la prévention de ce grave incident. J’ai pour ces
raisons pris un mandat de délégué syndical dans le but de m’opposer aux
violations des textes en vigueur des règles de sécurité."

On connaît la suite. Curieusement, alors qu’il a déposé plainte le 28
décembre 2009, David Rocher n’a été entendu par les policiers qu’au
début du mois de mai dernier. Depuis, l’affaire suit son cours. D’autres
plaintes de pilotes pourraient intervenir prochainement.

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