Les actionnaires d'easyJet se déchirent sur la stratégie de la compagnie
LEMONDE.FR avec AFP | 14.05.10 | 20h40
REUTERS/DENIS BALIBOUSE
Le fondateur d'easyJet souhaiterait que la compagnie consacre ses bénéfices aux dividendes plutôt qu'à l'achat de nouveaux avions.
Stelios Haji-Ioannou, le fondateur de la compagnie d'aviation easyJet, a annoncé vendredi 14 mai qu'il quittait le conseil d'administration de la compagnie. Officiellement, il s'agit d'"exercer plus librement ses droits d'actionnaire". En d'autres termes, de combattre sa stratégie. M. Haji-Ioannou quitte le conseil d'administration en compagnie d'un autre membre, Bob Rothenberg. Tous deux y siègent en tant que représentants d'easyGroup, actionnaire à 26,2 % d'easyJet. M. Haji-Ioannou, qui avait fondé la compagnie à l'emblème orange en 1995.
arallèlement, M. Haji-Ioannou a fait connaître ses raisons dans un autre communiqué : "Cela fait quelque temps que je pense que la direction d'easyJet poursuit la mauvaise stratégie dans son expansion ; un simple coup d'œil à la courbe du prix de l'action sur les dix dernières années, qui est pratiquement plate, et l'absence de dividendes en sont la preuve", assène-t-il. "Comment pouvez-vous acheter deux cents avions avec l'argent des actionnaires et ne pas créer de richesse pour eux ?" s'est-il demandé.
M. Haji-Ioannou a ajouté qu'il envisageait de solliciter une assemblée générale au cours de laquelle il demanderait aux actionnaires de rejeter l'ensemble de la stratégie consistant à acheter des appareils aux dépens de toute augmentation des marges bénéficiaires. Le fondateur et sa famille possèdent ensemble 38 % d'easyJet.
Dans son communiqué, la direction a rétorqué que "toutes les décisions sur la stratégie et l'allocation du capital ont été faites par l'ensemble du conseil d'administration et agréées quand nécessaire par les actionnaires". Notamment, "le taux de croissance d'easyJet est approuvé par le conseil chaque année dans le cadre de son plan quinquennal", et, à la dernière réunion, en juin 2009, le conseil "s'était unanimement mis d'accord sur une croissance de la flotte d'environ 7,5 % par an à moyen terme", rappelle easyJet, dont le but est "de faire passer de 7 à environ 10 % sa part du marché moyen-courrier européen". Le président, Mike Rake, a indiqué dans le communiqué "être étonné de la décision de Stelios et la regretter".
Des bruits de dissensions avaient couru depuis un an et demi entre le fondateur et la compagnie. En novembre 2008, on avait appris, déjà, que sir Stelios souhaitait que la compagnie réduise ses achats d'appareils, et au contraire instaure une politique de dividendes, une première, easyJet ayant jusqu'ici consacré ses bénéfices à sa propre croissance. Il avait même refusé alors d'approuver des comptes, en raison d'"estimations trop optimistes" selon lui. La situation avait semblé s'apaiser pourtant avec le changement complet de l'équipe dirigeante, président, directeur général et directeur financier depuis cette époque.