Maman dès mes 26 ans, je décide d'arrêter mon emploi de vendeuse en pharmacie pour jouer à fond mon rôle de maman. C'est mon choix. J'ai préféré profiter de ma jeunesse et de ma bonne condition physique pour porter mes enfants. Je travaillerais dans moins de 10 ans, c'est mon pari.
Et puis au moins, je ne prends pas le risque de plomber mon entreprise en congés maternité à répétition...
Trois enfants plus tard, je pense à reprendre une activité professionnelle. Pourquoi pas PNC ?
J'ai le physique (ça aussi c’était un pari, relevé haut la main :p) et la tête de l'emploi, je suis dynamique, organisée, endurante (les nuits blanches, je connais) et pour ce qui est des décalages horaires, je suis blindée.
En début d'année, je me lance donc dans l'aventure PNC en commençant comme tout le monde par la case départ. L'école de formation le précise d'entrée : il faut avoir 18 ans, le BAC et être français.
C'est bon, je colle au profil, je remplis mon dossier d'inscription et.... mes chèques :
Visite médicale afin d'apprécier les conditions d’aptitude physiques : 500€
Examen théorique : 1300€
Billet d'avion pour aller passer la pratique en métropole : 1650€
Examen pratique : 1600€
Hôtel : 800€
Total 5850€ et je ne compte pas les "extras" : tenues vestimentaires adaptées à chaque présentation aux examens, quelques tailleurs à 180€ minimum, avec frais de chignons banane en sus...
Petit aparté, ai-je précisé que je ne vis plus chez papa-maman depuis belle lurette, avec le SMIC et trois enfants ?
Les découverts, je me dis que c'est pour la bonne cause et que j'amortirai bientôt. Mes ailes me poussent vite dans le dos.
Les examens ne sont pas faciles. Je me retrouve face à des jeunes de 18, 22 ans qui sortent tout juste des bancs d'école. Moi, la dernière fois que j'ai vu un tableau noir, c'était il y a 15 ans !
Mais je m'accroche, je révise avec les marmay dans les pattes, j'ai la gagne. Et... je gagne !
Oui, j'ai relevé le défi ! Yes I Can, j'ai eu mon examen !
Vite, je postule chez la seule compagnie de ma region , qui en plus est très prometteuse ! Elle prévoit d'acheter deux A380 en 2012, donc elle embauche. Il ne faut pas traîner.
En plus elle organise des sélections tous les mois, vite ! Je dépose mon dossier.
Les sélections passent, on ne m'appelle pas. Pourtant les collègues avec qui j'ai passé l'examen, oui... J'appelle la compagnie pour voir ce qu'il en est.
-" Vous recevrez un courrier prochainement" ...
J'ai compris, ils ne me prennent pas, mais pour quelles raisons ? Le courrier dit : "L’examen de votre dossier ne nous permet pas de donner une suite favorable à votre demande".
J’ai mon diplôme pourtant ! J’en fais quoi, je l’encadre ? Allô, allô ?
En discutant avec des PNC, j'apprends plus tard que la Compagnie ne recrute pas au-delà de 30 ans si on n'a pas d'expérience professionnelle dans l'aviation.
En plus lorsqu’on a des enfants, la disponibilité des "maman poule" est vite réduite, c’est connu !
C’est ce qu’ont du penser les recruteurs en voyant sur mon CV : 34 ans, 3 enfants…
Pourtant il suffisait d’être clair à la manière de Madame de Fontenay : L’élue doit être vierge et avoir moins de 30 ans ! J’aurais orienté mon choix vers un corps de métier différent à ce moment là et je n’aurais perdu ni mon temps, ni mon argent.
Alors, depuis j’en ai appris de belle. la Compagnie recrute, effectivement et c’est bien là son défaut. Pendant que les nouveaux PNC terminent à peine leur stage d’intégration d’entreprise et attendent d’effectuer leur premier vol, la compagnie aérienne, elle, continue les sélections. Et lorsqu’elle trouve plus jeune et plus malléable, elle rafraîchit son stock ! Les "restants" quant à eux sont tout simplement en carence (chômage sec) et tremblent déjà à l’annonce des prochaines sélections prévues par leur future ex-entreprise.
Et lorsque la chance est donné à certains de décoller enfin, il y a ce qu’on appelle "les fiches" qui remontent à la direction. Pour tous motifs imaginables : mauvaise cohésion avec l’équipage (entendez par là anti ladi lafé), cohésion abusive avec l’équipage (trop de ladi lafé), pour peu qu’on soit un peu jolie, ou pire lorsqu’un pilote vous adresse la parole… la jalousie monte vite et hop, une fiche ! Aussi simple que ça. Et la direction ne prend pas le temps de "masser" son personnel, comme je l’ai dit, elle puise dans son large stock.
Une attitude déplorable ! La Compagnie a le monopole et en abuse.
Mais je laisse la place aux "jeunes" qui, je trouve, ne s’en sortent pas trop mal pour nuire à l’image de la Compagnie si on en croit les bruits de couloir. Un p’tit ladi lafé à la manière de Air Austral : on dit que lors des escales, l’équipage profite jusqu’à plus d’heures des sorties nocturnes et que le lendemain, le service s’en ressent à bord. La compagnie elle-même se plaint de ce genre de comportement.
Petit message au President de La Compagnie : Faut suivre, Papi ! C’est ça aussi la jeunesse ! Lorsque l’on fait de tels choix, il faut prévoir de se brûler les ailes…
Quant aux miennes je les préserve. Même si j’ai mon "piston" et que je peux voler quand je veux, j’ai fait mon choix : je démissionne avant même d’avoir l’occasion de "rentrer" ! Je ne prendrai pas le risque de me prendre une fiche parce que mon chignon banane est légèrement de travers.
Maturité, pour vous servir !