Explicateur Comment Air France s'est fait éjecter du CAC 40
Par François Krug | Eco89 | 07/09/2009 | 18H03
Coup dur pour Air France : la compagnie aérienne va être chassée de l'indice CAC 40. Les autorités boursières la jugent désormais indigne d'appartenir à ce club prestigieux. Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, les conséquences ne seront pas seulement symboliques.
Qui peut appartenir au CAC 40 ?
« Les 40 valeurs les plus représentatives » de la Bourse de Paris, comme le résume Euronext, la société qui gère le marché. Entrer au CAC 40, c'est donc une consécration pour une entreprise.
Cela se mérite. La décision appartient au comité scientifique d'Euronext. Chaque trimestre, ses experts se réunissent pour actualiser la liste des heureux élus.
Il retient deux critères : la taille, avec la capitalisation flottante (la quantité d'actions en Bourse) ; le dynamisme, avec la liquidité des titres (le volume des échanges).
Les 40, ce sont donc les plus gros et les plus actifs. Et pourquoi « CAC » ? Au départ, un hommage à la Compagnie des agents de change, créatrice de l'indice. Aujourd'hui, une simple référence à la technique de « Cotation assistée en continu ».
Pourquoi peut-on être chassé du CAC 40 ?
Tout simplement parce qu'il n'y a que 40 places. Si un membre du CAC 40 se retrouve dépassé par une valeur montante, le verdict est simple : dehors ! Place au suivant.
Euronext réunit ces candidats dans un autre indice, le CAC Next20. Parmi les occupants de cette antichambre : TF1, Sodexo ou, jusqu'à vendredi dernier, le fabricant d'équipements pétroliers Technip.
Jusqu'à vendredi, car ce jour-là, le comité scientifique a procédé à son examen trimestriel. Et il a constaté que la capitalisation de Technip dépassait désormais celle d'Air France : 4,8 milliards d'euros contre 3.
Les deux sociétés vont donc échanger leurs places. C'est le premier changement dans le CAC 40 depuis août 2008. A l'époque, personne n'était sorti. La fusion de GDF et Suez avait simplement libéré une place pour leur filiale Suez Environnement.
Au cimetière du CAC 40, Air France sera bien entouré :
* TF1 et Casino (sortis en 2005)
* Thales et Publicis (2006)
* Thomson (2007)
Est-ce vraiment un coup dur pour Air France ?
Le prestige d'Air France en prend un coup. Surtout au moment où les mauvaises nouvelles s'accumulent : un plan de départs volontaires de 1 500 personnes, une chute du transport de passagers comme de fret.
Au-delà du symbole, la direction financière d'Air France a du souci à se faire. Explication de Jean-Jacques Daigre, professeur de droit boursier à l'université Paris 1 :
« Beaucoup de fonds d'investissement n'investissent que dans des entreprises membres de certains indices. C'est de la gestion indicielle : ils estiment qu'ainsi, ils ne pourront pas faire moins bien que le CAC 40. Cela risque d'aggraver la valorisation du cours de Bourse d'Air France. »
Certains analystes avaient prédit une sortie de Lagardère. Devenu la plus faible capitalisation de l'indice, le groupe n'est pas à l'abri d'une mauvaise surprise dans trois mois, à la prochaine réunion du comité scientifique.