Jean-Marc Janaillac, avant même de prendre la tête d’Air France-KLM le 4 juillet, est parvenu hier à faire lever le second préavis de grève des pilotes en rencontrant leurs représentants.
Il avait dit qu’il n’interviendrait pas avant sa prise de fonction à la tête d’AF-KLM, le 4 juillet, mais il a dû se jeter à l’eau plus tôt que prévu: en acceptant hier matin de rencontrer les représentants des pilotes, Jean-Marc Janaillac est parvenu à faire lever leur second préavis de grève fixé du 24 au 27 juin. « Ce n’était pas gagné d’avance, souffle-t-on dans l’entourage du successeur d’Alexandre de Juniac, mais il fallait faire un signe pour déminer le terrain et apaiser le climat ».
Réunis hier matin en terrain neutre, dans un bureau du 7ème arrondissement de Paris, avec Frédéric Gagey, PDG d’Air France, Gilles Gateau, le DRH, et les représentants du SNPL (le syndicat majoritaire des pilotes) et du SPAF, l’actuel PDG de Transdev leur a proposé de suspendre l’application du reliquat du plan Transform effectif depuis le 1er juin, en échange d’une paix des braves jusqu’au 1er novembre. Il s’agit pour le futur PDG de ne plus être sous la menace de préavis de grève pendant quatre mois, le temps d’évaluer les problèmes de la compagnie.
Comme il l’a toujours fait dans les entreprises en difficulté qu’il a dirigé au cours de sa carrière (Maeva, AOM ou Transdev), Jean-Marc Janaillac veut avant tout « instaurer le dialogue, écouter et bâtir ensemble une stratégie », a-t-il expliqué aux syndicats. « Je n’ai qu’une méthode, leur a-t-il dit en lisant un texte dont il avait soupesé chaque mots, conscient de marcher sur des œufs: écouter, dialoguer, avec l’ensemble des forces vives de l’entreprise et trouver un chemin commun. Pour cela j’ai besoin de temps, le temps pour construire » a-t-il ajouté, envoyant un message aux salariés alors qu’il veut faire du rétablissement de la confiance sa « première priorité ».
Tout n’est pas réglé pour autant
Cette méthode, ce patron affectif sous des airs austères l’a déjà testée au sein du groupe de transport urbain, Transdev, quand il en prend la présidence en 2012. Alors en pleine crise après la fusion ratée avec Veolia, le groupe sortira du rouge en 2015 sans traumatisme social. A l’exception de la mise en redressement judiciaire de la compagnie maritime corse SNCM.
En sera-t-il de même à Air France? Pour l’heure, les pilotes ont « décidé d’accepter cette main tendue », selon Véronique Damon, la secrétaire générale du SNPL. Mais cela « ne signifie pas donner un blanc-seing », préviennent-ils, attendant de voir se concrétiser les bonnes intentions affichées par la direction.
Car tout n’est pas réglé pour autant. Si le nouveau patron veut bien examiner les problèmes de répartition de croissance de l’activité entre Air France et KLM qui inquiètent les pilotes français, ces derniers vont devoir trouver une façon ou une autre de réduire les écarts de productivité qui persistent avec leurs concurrents européens. « Ceux qui pensent que Jean-Marc Janaillac, sous prétexte qu’il est proche de François Hollande, issu de la même promotion Voltaire, a été choisi pour rester dans l’immobilisme, se trompent », glisse un proche de l’entourage de Janaillac.
Même si les résultats d’Air France se sont améliorés en 2015, grâce en large partie à la baisse des cours du pétrole, la recette unitaire en mai était en baisse de 5%, rappelle-t-on à la direction. Preuve que la pression sur les prix dans le transport aérien est toujours vive et qu’Air France ne fera pas l’économie d’un plan de compétitivité.