Le préavis de grève déposé par les pilotes d’Air France pour septembre tombe au plus mal pour Frédéric Gagey. En pleine réforme du court et moyen-courrier, il ne peut pas se permettre de rater sa rentrée.
Simple avertissement ou véritable menace? Le préavis de grève déposé le jeudi 28 août par les pilotes d’Air France du 15 au 22 septembre tombe au plus mal pour Frédéric Gagey. Engagé dans un vaste chantier de redressement du flagship français le PDG ne peut se permettre de rater sa rentrée en risquant un conflit lourd avec les navigants. Jusqu’à présent leur puissant syndicat, le SNPL, qui représente plus de 70% des pilotes, avait joué le jeu de la direction et accompagné le plan Transform 2015 destiné à remettre Air France sur les voies de la compétitivité. Mais voilà qu’il cale. En cause : le développement de Transavia France. Si syndicat et direction s’accordent sur la nécessité de faire grossir la filiale low cost d’Air France pour contrer la concurrence dévastatrice d’EasyJet et autres Vueling sur les routes moyen-courrier, leurs vues divergent sur les moyens d’y parvenir.
Le SNPL propose de créer un groupe unique de pilotes Air France pour les avions de plus de 100 places capable de faire voler toutes les marques au sein du groupe: Transavia, Air France et Hop! (l’entité regroupant les compagnies Regional, Britair et Airlinair). « Placé dans les mêmes conditions d’exploitation que Transavia, cela ne couterait pas plus cher à la compagnie et lui offrirait une vrai agilité et une meilleure réactivité pour s’adapter aux besoins des clients », soutient Jean-Louis Barber, le président du SNPL qui dénonce par ailleurs « l’absence de dialogue constructif » avec la direction. Or cette proposition est irrecevable pour Frédéric Gagey, le statut des pilotes d’Air France n’étant selon lui pas compatible avec celui du modèle low cost de Transavia.
Des écarts de coût bien différents
Pas d’accord sur les chiffres, le SNPL avance un écart de coût de 2% de l’heure de vol entre un pilote de Transavia et son homologue à Air France, tandis que la direction l’estime, elle, à 40%! Voire 70% si l’on prend en compte la structure du réseau, plus lourde à Air France du fait de l’organisation en hub et l’ancienneté plus faibles des navigants à Transavia. Le système de rémunération mais également les prestations sociales (mutuelles, retraite complémentaire, CE) ainsi que les coûts de formation, sont également différents. Les pilotes d’Air France sont qualifiés pour voler sur des A 320 et non sur les Boeing 737 de la flotte de Transavia. « Pour Frédéric Gagey qui vient de donner son feu vert pour commander 7 appareils de plus pour 2015, il n’est pas question de plomber le développement de Transavia en y important les coûts d’Air France », explique-t-on dans l’entourage du PDG.
Mais Frédéric Gagey a-t-il vraiment les moyens d’engager un bras de fer avec les pilotes? Sans leur accord Transavia risque de ne pas pouvoir grossir au-delà de la limite des 14 avions fixée à sa création en 2007 avec le SNPL. Le patron d’Air France a également besoin d’eux pour mettre en œuvre l’autre volet de la réorganisation de l’activité court et moyen et courriers de la compagnie qui doit être en partie dévoilée lors du comité d’entreprise du 4 septembre, puis le 11 septembre, devant les investisseurs. Le patron d’Air France s’est rangé aux conclusions du rapport présenté au printemps par Lionel Guérin, PDG de Hop! en décidant de regrouper dans une même entité tous les vols au départ d’Orly et des escales de province, hormis l’alimentation du hub de Roissy CDG. C’est d’ailleurs à Lionel Guérin que reviendra la charge de prouver que le système peut être rentable. Frédéric Gagey vient de le nommer responsable du point à point après l’annonce du départ, prévu le 8 septembre, de Florence Parly, la directrice générale adjointe d’Air France en charge de cette activité.
Avec l’aimable autorisation de Challenges.fr
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