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Sécurité aérienne en 2019

Sécurité aérienne

SuperJet 1000 Aéroflot après l'incendie © DR

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L’année 2019 est en mi-teinte, moins bonne que 2017 (on ne peut de toutes façons pas faire mieux puisqu’il n’y avait eu aucun mort), mais meilleure que 2018 (avec deux fois moins de décès !)… Dans le détail, il y a eu 5 accidents aériens pour des vols de transport de passagers, c’est-à-dire les avions de plus de 14 places et 2,25 tonnes. Seulement 5 accidents en intégrant toutes les statistiques de toutes les compagnies partout sur terre, malgré les aéroports en pente du Népal, la maintenance approximative au fin fond de l’Amazonie, les antiquités de Corée du Nord, les pilotes approximatifs de Papouasie ou les compagnies classées sur liste noire par l’Europe… Voici le détail de ces accidents :

Crash d’un DC3 en Colombie (9/3/2019, décès des 14 personnes à bord)

L’avion de la compagnie Laser Aero avait été construit en 1945 (!!!!) et transportait 11 passagers et 3 membres d’équipage. Il est fréquent de voir de tels appareils réaliser des vols sur des terrains isolés, c’était le cas de cet appareil qui devait relier les villes de San José del Guaviare et Villavicencio. Il s’agit un peu de la deux chevaux de l’aviation, mais après 74 ans de service on imagine mieux ces appareils rejoindre des musées ou se contenter de démonstrations aériennes pour des meetings…

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Un Boeing 737 MAX d’Ethiopian Airlines (10/3/2019, décès des 157 personnes à bord)

L’accident a causé le décès des 149 passagers et 8 membres d’équipage, il a été imputé au système MCAS de gestion du poids dans le manche des pilotes comme lors du crash du Lion Air en 2017 et a entraîné une interdiction de vol partout dans le monde pour le Boeing 737 MAX. A l’heure actuelle, la FAA n’a pas encore autorisé l’avion à reprendre les vols malgré les efforts du constructeur américain en ce sens. La crise coûte plus d’un milliard de dollar par mois à Boeing et a entraîné l’arrêt de la production de l’avion jusqu’à ce qu’il ait à nouveau le droit de voler. Les conséquences de l’arrêt de vol pour l’appareil ne sont pas encore connues pour l’ensemble du secteur, les compagnies aériennes et les sous-traitants de l’avionneur pouvant se trouver en difficultés.

Un Soukhoï SSJ100 d’Aeroflot (05/05/2019, 37 survivants sur les 78 personnes à bord)

Les circonstances de l’accident sont encore floues, mais les pilotes auraient été contraints de réaliser un atterrissage forcé suite au foudroiement de leur appareil, et l’atterrissage trop violent a provoqué un incendie (voir cet article sur le sujet). Un point d’interrogation énorme survient : les avions sont insensibles à la foudre depuis un demi-siècle, est ce la réelle origine de cette panne des équipements de pilotage ? Cet appareil (de conception russe) souffre-t-il d’un tel défaut ? Mais le grand drame de cet accident est le comportement de certains passagers lors de l’évacuation de l’appareil une fois arrêté sur la piste : les personnes les plus proches des sorties ont perdu du temps à récupérer leur bagages, empêchant les 40 passagers et le PNC situés à l’arrière de l’appareil d’évacuer…

Un Dornier 228 de Busy Bee au Congo (24/11/2019, décès des 19 personnes à bord)

Toutes les compagnies du pays sont totalement jugées trop dangereuses pour avoir le droit de voler en Europe, et il est probable que la sécurité aérienne soit encore plus laxiste pour les vols locaux… Certains témoignages de l’accident évoquent une panne moteur, mais l’enquête est encore en cours. Les 17 passagers et 2 membres d’équipage sont décédés dans l’accident (et le nombre réel de personnes à bord de l’avion n’est d’ailleurs à l’heure actuelle pas encore confirmée…).

Un Fokker 100 de Bek Air au Kazakhstan (27/12/2019, 86 survivants parmi les 98 personnes à bord)

L’accident ayant eu lieu la semaine dernière, ses causes ne sont pas encore connues, mais l’appareil n’aurait pas réussi à prendre l’altitude après son décollage et a fini sa course dans des habitations situées en face de la piste. A la vue des débris de l’avion, le décès de seulement 12 passagers semble être un miracle.

On pourrait ajouter à cette liste quelques accidents sur des vols privés, comme le Challenger 601 (vol privé depuis Las Vegas vers le Mexique crashé le 05/05/2019 avec ses 10 passagers et 3 membres d’équipage), des hélicoptères ou le très médiatisé accident du petit Piper Malibu devant permettre au footballer Emiliano Sala de rejoindre Nantes et Cardif en Grande Bretagne (21/01/2019) sans respecter des règles de vols commerciaux (vol de nuit sur la mer avec un petit avion à un seul moteur mal équipé).

Vous remarquerez que la première cause d’accidents demeure le non respect de règles de la sécurité aérienne, avec des retombées médiatiques très fortes et souvent une confusion chez les voyageurs, estimant par exemple que le crash de Sala prouvait qu’il faut éviter les vols de nuit. Il n’en est évidemment rien, les conditions de vol des avions commerciaux que vous prendrez respectant forcément les règles de sécurité aérienne et les vols sont parfaitement surs, de jour comme de nuit. Au final, même si vous devez atteindre un village isolé au fin fond d’une forêt vierge, le risque aérien est statistiquement bien plus faible que de prendre une transport terrestre sur le même trajet (quand cela est possible). Le feuilleton du B737 MAX a pour sa part entraîné un bruit médiatique exceptionnel tout au long de l’année, donnant l’impression que l’on a parlé tous les jours d’accidents aériens alors qu’il s’agit en réalité d’une année tout à fait correcte.

Avec « seulement » 229 passagers décédés sur 4,590 milliards de voyageurs aériens, les chances de gagner le gros lot du loto sont plus élevées que celles de mourir en prenant l’avion. Et 5 accidents mortels sur 40 millions de vols réalisés, c’est seulement 1 tous les 8 millions de vols contre 2 accidents par million de trajet réalisé en voiture. Et si l’on ne considérait que les compagnies sérieuses opérant dans des conditions normales, les statistiques s’améliorent encore très largement.

Je voudrais ajouter à cette liste les accidents mortels de deux appareils de la sécurité civile au sein de laquelle j’ai travaillé (un bombardier d’eau Tracker 22 et un hélicoptère de secours le 2 décembre), ainsi que la collision de deux hélicoptères militaires au Mali, des événements qui ont touché toute la population française.

En 2020, le retrait progressif des avions les moins fiables et une meilleure application des procédures devrait permettre de progresser encore. Si vous devez voyager dans des contrées reculées, vous pouvez vérifier si votre compagnie possède un code IATA, mais si vous restez dans des régions développées et fiables, il n’y a absolument aucune vérification à réaliser, qu’il s’agisse de la réputation de la compagnie ou de l’avion utilisé. Voyagez donc heureux !

Avec l’aimable autorisation de Xavier Tytelman : PeurEnAvion

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