Après avoir annulé à plusieurs reprises une grande partie de son programme de vol faute d’avions, la compagnie Jet Airways n’exploite plus de 12 appareils et vie peut-être ses dernières heures.
L’hécatombe continue dans le monde des compagnies aériennes. Après la faillite de l’opérateur allemand Germania et de l’islandaise Wow Air, au fil des jours, ça sera peut-être le tour de la compagnie privée indienne Jet Airways.
Une lente agonie
Écrasée de toutes parts par ses créanciers, la compagnie est au bord du gouffre financièrement avec une dette colossale qui s’élève à plus de 1,6 milliards de dollars.
Face à cette énorme dette et faute de liquidités pour payer les loueurs d’avions et ses fournisseurs, la compagnie indienne a été contrainte ses dernières semaines de clouer au sol la quasi totalité de sa flotte.
La compagnie a progressivement annulé une grande partie de son programme de vol domestique courant Mars 2019 et la totalité de ses vols long-courriers vendredi dernier.
Sur une flotte de plus de 120 appareils, Jet Airways n’exploitait plus que 79 appareils, puis 22, pour finalement réduire sa flotte actuelle à 12 appareils (deux ATR, trois Boeing 737, six Boeing 777 et un A330).
Malgré toutes ces difficultés, les responsables de la compagnie ont annoncé la semaine dernière « poursuivre la consolidation de son réseau et de son programme de vols » et espère trouver un repreneur après avoir transformé une partie de leurs créances en actions.
Il faudrait un miracle
Afin de sauver la compagnie à bout de souffle, un consortium de banques mené par State Bank of India, devenu actionnaire majoritaire de Jet Airways, s’est réuni ce lundi 15 Avril 2019 afin de trouver une solution pour injecter de nouveaux fonds et ainsi relancer la compagnie.
Étranglée par la hausse des prix du kérosène, la chute de la roupie face au dollar, et un marché concurrentiel de plus en plus agressif, les efforts du deuxième transporteur aérien de l’Inde ne suffiront peut-être pas à la sauver.
Le transporteur emploie plus de 17.000 personnes dans le monde, dont une grande majorité ne sont plus payés depuis des mois.
Un coup dur pour le groupe Air France – KLM
Les difficultés de Jet Airways ont de lourdes répercussions sur le groupe Air France – KLM puisque les deux groupes sont partenaires et ont de nombreux accords de partage de codes entre l’Europe et l’Inde.
Les liaisons Paris – Dallas pour Air France et Amsterdam – Dallas pour KLM, où réside une forte communauté indienne, sont toutes deux approvisionnées de près de 30% par les passagers de Jet Airways.
Air France – KLM est en train de trouver de solutions de remplacement pour acheminer les passagers qui ont déjà réservé sur les lignes Paris -Chennai et Paris – Mumbai suspendu jusqu’au 10 juin minimum.
Norwegian sur le même chemin ?
Jet Airways n’est pas la seule compagnie en grande difficulté.
Après une période de développement rapide à coûts d’offres tarifaires offensives sur les liaisons transatlantiques, Norwegian est elle aussi en mauvaise posture.
En effet, la compagnie Norvégienne, affiche également une énorme dette et traverse actuellement « une zone de turbulence » financière et a mis en place un plan d’économie.
Pour ce faire, la compagnie low cost a été contrainte de fermer des bases afin de limiter les pertes.
Malgré une recapitalisation par une banque publique, la compagnie low cost a du également réduire ses fréquences de vols et quitter les Antilles après 5 ans de présence.
Afin d’assainir ses comptes, la compagnie à bas coûts, toujours déficitaire, vient de négocier auprès d’Airbus, le report de livraison de plusieurs A320néo et A321LR. Il s’agit du deuxième report de livraisons annoncé cette année après celui négocié auprès de Boeing portant sur 12 Boeing 737 MAX 8.
Même si la compagnie prévoit cette année, « un résultat net positif », l’immobilisation de ses 737MAX, suite au crash de la Lion Air et d’Ethiopian Airline, risque de compromettre son retour à l’équilibre.