Robert Piché est un nom qui ne dit sans doute pas grand-chose au plus jeune d’entre nous et pourtant, son atterrissage sur l’aéroport de Terceira dans l’archipel des Açores a été qualifié par l’ALPA :
de plus grand exploit aéronautique des 50 dernières années
Samedi dernier, avant son dernier vol commercial, le commandant Piché est revenu sur cet incident qui a marqué sa vie lors d’une interview.
Le 24 aout 2001 il prend les commandes d’un Airbus A330 à Toronto à destination de Lisbonne. Une fois en croisière il perd tous ses mœurs suite à une fuite de carburant. Plus tard on apprendra que cette dernière était due à une erreur de maintenance de l’appareil.
Un Airbus A330 ce n’est pas un Nimbus 4 ou un Duo Discus, ni même un Pégase ! Ça ne plane pas très bien et le stress est vite monté d’un cran au poste :
Faut pas oublier, moi aussi, j’ai eu peur de mourir. J’étais peut-être le premier à voir la possibilité de mourir dans cet avion-là. Pis en plus, c’est moi qui avais les commandes de ces 305 personnes-là. C’est toute une responsabilité. Là, tu penses à ta propre mort, mais il ne faut pas que tu y penses parce que c’est toi le commandant! Tu sais que le pire peut arriver. J’ai passé à travers les mêmes émotions que les passagers.
Peu de temps avant l’atterrissage le commandant de bord avait effectué un virage à 360°. Procédure qui a longtemps laissé perplexe les observateurs, il s’en est expliqué :
Ça, c’était pour calmer mon premier officier. Je ne voulais pas le faire. Mais il n’arrêtait pas de dire que j’étais trop haut, trop vite… trop haut, trop vite. J’avais peur qu’il saute sur les commandes. J’étais inquiet. Si on se chicane pour les commandes, on va peut-être crasher. Je vais lui faire un 360…
Après une série de « S » en finale pour ralentir et retrouver le plan de descente optimal l’avion a touché la piste à 370km/h et fait un rebond d’environ 500 mètres. L’appareil était à sa limite structurelle lors de l’impact et un deuxième rebond aurait pu être fatal :
On ne pouvait pas rebondir une autre fois. On aurait risqué de tomber sur une aile. La roue de nez n’aurait peut-être pas résisté. Il fallait que ça arrête… pis ça a arrêté.
Lors de cet entrevu en Italie pour réaliser l’interview l’équipe de J.E lui avait préparé une surprise. Sully lui avait enregistré une vidéo pour lui souhaiter une bonne retraite. Chesley Sullenberger est le seul pilote à avoir réussi à poser un avion de ligne sur l’eau, un film a d’ailleurs été réalisé sur cet exploit.
Tu as fait quelque chose que peu de pilotes ont dû faire: affronter un défi soudain, inattendu, le plus grand d’entre tous, lorsque toi et ton premier officier Dirk de Jager avez réussi un atterrissage sans moteur. J’espère que tu profiteras du prochain chapitre de ta vie. Je te souhaite la meilleure des chances dans tes nouvelles aventures.
Le commandant Robert Piché a donc fini sa carrière de pilote de ligne le week-end dernier, bonne retraite Commandant…