Lettre d’un pilote Air France à son ministre de tutelle.
Monsieur le Ministre,
Je suis pilote de ligne chez Air France. Le 8 Juin dernier, j’ai assisté à votre intervention lors d’une session de l’assemblée nationale. Vous y avez évoqué le préavis de grève déposé par le SNPL en le qualifiant « d’inexplicable ». Permettez-moi, Monsieur le Ministre, de vous témoigner mon indignation de vous voir employer de tels propos devant nos élus. Sauf erreur de ma part, vous êtes intervenu personnellement dans le conflit SNCF afin d’imposer une solution qui n’était pas celle de la direction. Vous avez également répondu favorablement à certaines demandes des syndicats des contrôleurs aériens. Cette différence de traitement vis-à-vis des pilotes de la compagnie Air France est tout à fait injuste, déplacée, et incompréhensible.
Même si je n’ai pas participé à ce mouvement de contestation, j’estime ses revendications légitimes. Vous ne pouvez pas ignorer les raisons qui mènent à cette impasse sociale. Vous ne pouvez pas non plus en faire porter la totale responsabilité aux salariés qui se défendent contre un management qui a perdu notre confiance à cause de son absence de respect pour sa parole et les accords signés. Ainsi :
- L’accord de répartition de la production entre Air France et KLM n’est pas respecté et prive notre pays d’un nombre conséquent d’emplois, avec ses conséquences en termes de charges sociales et contributions au budget national.
- L’accord Transform 2015 a fait l’objet d’une application arbitraire par Mr Gagey qui a imposé aux pilotes l’application de certaines mesures qui étaient soumises à des contreparties que la direction n’a jamais respectées.
- L’état avait pris des engagements (suite au préavis de Mai 2015) qui ne sont toujours pas tenus, la compagnie semblant en faire des arguments de négociation sociale. C’est le cas de la mise en œuvre de la procédure XCM (déjà appliquée chez Hop!), du déploiement du badge biométrique, de la convention collective et de la charte de bonne conduite des entreprises lors d’une grève.
Ne doutant pas d’être le citoyen d’un état juste et démocratique, je vous demande d’intervenir pour affirmer votre attachement au respect des accords d’entreprise, au dialogue social, et pour que vos engagements ne restent pas que des promesses. Il me semble que ce serait juste et exemplaire.
Recevez, Monsieur le Ministre, l’expression de mon profond respect.
Un pilote pas content