Le 18 février prochain, l’IR-OPS remplacera l’EU-OPS. Et alors ?
Ce document de référence qui sert de base à la réglementation du travail de l’ensemble des compagnies aériennes Européenne contient entre autres un amendement qui modifie la notion de « Home Base » des navigants, modification qui vise directement Ryanair.
En effet, depuis l’abandon de la directive Bolkenstein, les transporteurs aériens doivent se conformer à la réglementation du pays où sont basés ses navigants. Mickael O’Leary, qui utilise tous les subterfuges possibles pour s’enrichir (il détient 3,7% du capital et empoche plusieurs millions de dividendes chaque année), a décidé d’ignorer cette contrainte, ce qui lui a valu une condamnation pour travail dissimulé à Marseille. Mais ce n’était que la partie visible de l’iceberg… La plupart de ses pilotes sont rémunérés par une société écran nommée Brookfield Aviation, sorte d’agence d’intérim qui ne respecte pas le principe de « Home Base » mais celui de « Floating Base ». Ainsi, les pilotes débutent leurs périodes de vol sur n’importe quelle aéroport en Europe, charge à eux d’organiser et de payer de leur poche leur transport et leur hébergement.
L’Europe, malgré les pressions de quelques commissaires ayant des liens étroits avec Ryanair, a décidé de mettre fin à ces pratiques, en définissant la notion de « Home Base » comme un « aéroport unique ». S’y ajoute la contrainte de respecter un repos de 72 heures entre la mise en place et le départ en fonction de la nouvelle base, sauf si la durée de cette mise en place est intégrée dans le calcul du temps de travail.
Si c’est une bonne nouvelle pour les navigants de Ryanair, cela va également impacter toutes les compagnies qui utilisent deux aéroports proches d’une même ville. C’est le cas en France de Roissy et Orly, et tant Vueling que EasyJet ou Air France vont devoir supporter des coûts importants pour se mettre en conformité avec ce nouveau règlement alors que le système actuel convenait tant aux opérateurs qu’à leurs employés. Ces compagnies devront donc soit : créer des groupes de navigants « étanches » affectés à chaque base (baisse de la flexibilité de construction des plannings) ; payer des mises en place qui iront diminuer le temps de travail « utile » ; ou créer de grosses contraintes de planification qui vont encore diminuer la productivité globale.
Espérons que les commissaires sauront trouver une formulation qui ne contraindra que les compagnies visées : celles qui s’enrichissent sur le dos de leur personnel en méprisant les lois et règlements.