Ryanair n’est pas à l’origine du communiqué annonçant l’intention de la compagnie de transporter les réfugiés qui se trouvent en Grèce et en Europe de l’Est vers la destination de leur choix même s’ils ne disposent pas des documents de voyage requis, alerte mercredi la compagnie aérienne.
« Les commentaires attribués à Kenny Jacobs (le directeur marketing de Ryanair) sont entièrement fictifs et il n’y a pas une once de vérité dans ces allégations », a réagi Ryanair Belgium, interrogé par l’agence Belga. « Il s’agit d’une blague. » Comme d’autres médias, Belga a relayé mercredi un communiqué dans lequel Ryanair annonce qu’il lance une campagne intitulée « RyanFair » pour venir en aide aux demandeurs d’asile. Le communiqué mentionne le site internet www.ryanfair.org, sur lequel l’information est reprise et qui renvoie lui-même au site officiel de Ryanair. Le site « ryanfair » est par ailleurs la copie presque parfaite du site « corporate » de Ryanair, . Ryanfair.org est hébergé en Allemagne.
On ignore encore qui se trouve derrière. Bien que son identité ait été usurpée, la compagnie n’envisage pas pour l’instant d’agir contre les auteurs de la fausse campagne, rapporte le porte-parole de Ryanair Belgium. Ceux-ci ont fait croire que la compagnie irlandaise à bas coûts connue pour son sens du buzz était prête à acheminer les demandeurs d’asile bloqués en Grèce, au Monténégro, en Slovaquie et en Hongrie vers la Belgique, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et le Danemark, même s’ils ne disposent pas des documents de voyage requis.
D’après la Convention de Schengen et une directive européenne, les transporteurs tels que les compagnies aériennes ont l’obligation de s’assurer que leurs clients issus de pays tiers sont en possession des documents de voyage requis pour pénétrer dans l’espace Schengen. Si l’entrée est refusée à un étranger, les transporteurs doivent le ramener dans son pays de départ. Et les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations de contrôle peuvent se voir infliger des amendes (pas moins de 3.000 euros par cas individuel).
La directive en cause (2001/51/CE) précise aussi que les sanctions à l’encontre des transporteurs doivent s’appliquer « sans préjudice des obligations des Etats membres lorsqu’un ressortissant de pays tiers demande à bénéficier d’une protection internationale ». Mais, actuellement, les compagnies préfèrent refuser à un réfugié potentiel l’accès à bord d’un avion que de risquer d’avoir à payer une amende.
En 2010, le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe avait déjà dénoncé la situation, arguant que le personnel des aéroports n’a pas les compétences voulues pour garantir aux réfugiés les droits que leur reconnaît le droit international. L’action menée par les usurpateurs de l’identité de Ryanair met cette problématique une nouvelle fois en lumière.
Source: levif.be