C’est en mai que devrait être officiellement désigné le nouveau PDG d’Air France-KLM. Jusqu’à présent, l’actuel patron du groupe de transport aérien, Alexandre de Juniac, reçoit le soutien qui lui permettrait d’enchainer un second mandat. Le gouvernement et le conseil d’administration du groupe n’hésitent pas se prononcer en faveur de sa reconduction mais semblent, pour ce faire, fermer les yeux sur les mauvais résultats économiques rencontrés par la compagnie depuis que de Juniac est aux manettes. Pourtant, ce parti pris pourrait encore coûter très cher à la société.
2014, année difficile pour Air France-KLM
L’année dernière n’a pas été une année des plus glorieuses pour Air France-KLM. Secouée par un mouvement de grève des pilotes sans précédent, combiné à une diminution des tarifs dans l’aérien, la société a clôturé un exercice 2014 en négatif. On relève notamment une perte d’exploitation de 129 millions d’euros quand en 2013, les caisses affichaient 130 millions d’euros de bénéfices au compteur.
C’est simple, Air France-KLM est le seul grand groupe de transport aérien à être dans le rouge pour l’année 2014. Pour décrocher ce malheureux titre, l’entreprise a dû présenter un chiffre d’affaires en baisse de 2,4 %, un résultat net de -198 millions d’euros et une perte nette de 535 millions d’euros (463 M€ en 2013). Un palmarès inquiétant pour une société qui va devoir redoubler d’efforts en 2015 pour retrouver l’équilibre. Si la grève des pilotes ou la baisse des prix de l’aérien (-2,2 % pour le fret aérien en 2014) peuvent servir d’explications à Alexandre de Juniac pour justifier de ce bilan en berne, ils sont nombreux, syndicats, employés et observateurs à accuser et remettre en cause le management du patron d’Air France-KLM.
Existe-t-il un problème « de Juniac » ?
Alexandre de Juniac a beau avoir les grâces de son conseil d’administration et de certains membres haut placés du gouvernement, force est de constater qu’il n’en est rien lorsqu’il s’agit des syndicats. Les organisations syndicales, à l’image de la SNPL (Syndicat national des pilotes de ligne), dénoncent chez de Juniac une incapacité à savoir diriger l’entreprise et à mener à bien le plan de restructuration et de relance de la compagnie « Perform 2020 ». Des doutes qui se nourrissent des nombreuses erreurs de management que le chef d’entreprise a pu réaliser au cours des derniers mois.
On pense notamment au tricotage d’un « pôle régional français » sous forme d’usine à gaz avec le lancement de la nouvelle structure HOP, qui aura in fine coûté du temps et de l’argent à l’entreprise avant de se rendre compte que cette initiative semait le chaos dans l’organisation du groupe et de ses salariés. L’entreprise fait actuellement machine arrière mais cela prend encore du temps… et de l’argent. Ou encore, on pense à l’annonce d’Alexandre de Juniac l’année dernière, concernant la création de Transavia Europe et de l’investissement de 2 milliards d’euros dans le low cost en Europe. Cette sortie tombait juste mal, au moment où le groupe subissait le plus grand mouvement de grève de son histoire en France et qu’on cherchait la restructuration.
Une maladresse finalement corrigée mais qui témoigne d’une imperméabilité chez de Juniac l’empêchant de prendre de bonnes décisions stratégiques. D’autres initiatives dispendieuses et malvenues balisent jusqu’à présent le premier mandat d’Alexandre de Juniac. Des erreurs d’aiguillage qui, la plupart du temps, pousseraient le responsable vers la sortie mais qui ne semblent pourtant pas éloigner de Juniac de son fauteuil de PDG.
Sauvé par le gong ?
A trainer derrière lui une année économiquement compliquée et l’image d’un mauvais manager, on pourrait alors se demander ce qui continue de faire d’Alexandre de Juniac le candidat favori à sa succession. Même au gouvernement, on ne considère pas l’actuel patron d’Air France-KLM comme une évidence pour un second mandat. Plusieurs noms ont d’ailleurs été évoqués pour le remplacer. Seulement, le groupe est actuellement en pleine restructuration et François Hollande préfèrerait conserver le même dirigeant pour la conduire, attendant qu’il produise des résultats probants dans les mois qui viennent.
Le PDG d’Air Franc-KLM sait donc que la montre joue en sa faveur en ce qui concerne sa réélection à la tête du groupe mais qu’elle peut aussi vite devenir sa pire ennemie s’il n’améliore pas le dialogue social et ne redresse les comptes de la société dans les six prochains mois. Un délai court mais suffisant pour montrer qu’il est capable de mieux, mais l’est-il vraiment ?