Air France est toujours en grève et aucune sortie ne semble envisageable dans les jours à venir tellement les protagonistes sont campés sur leurs positions respectives. Les pilotes sont bloqués sur le contrat unique de peur de perdre des avantages d’un autre temps et la direction tente de mettre en place une compagnie low-cost avec 15 ans de retard. A ne pas vouloir réformer depuis plusieurs années pour se garantir une paix sociale, la direction Air France se retrouve dans une situation où elle doit réformer et de façon importante, il en va de la survie même du court et moyen-courrier de la compagnie aérienne voir de la compagnie dans son ensemble.
Les pilotes, qui ont longtemps été préservés, se retrouvent attaqués de toute part. Ces « nantis », les « bourgois » de l’aéronautique doivent être décapités pour plaire à la vindicte populaire. En même temps, vous feriez quoi a leur place si votre employeur vous annonçait que vous alliez avoir des collègues moins bien payés et que vous risquiez de devenir ce collègue ? Quand la culture d’entreprise vous a toujours placé comme le centre de tout, l’alpha et l’omega de l’activité, et bien vous faites ce qu’ils font au risque de couler la société… Et, pour tenter de préserver des acquis tant aimés, le SNPL Air France serait en train de négocier pour instaurer de nouvelles règles d’ancienneté chez Transavia qui favoriseraient les pilotes Air France qui y iraient.
Le préavis court jusqu’au 30 septembre et Air France aura perdu sans doute près de 300 millions d’euros avec ce mouvement à cette date. On ne compte pas les couts collatéraux comme la désertion des passagers vers des compagnies aériennes telles easyJet et Ryanair sur court et moyen-courrier ou comme Emirates, Qatar et autres sur le long-courrier. En plus du cout financier il va falloir ajouter le cout humain. Des hôtesses de l’air bloquées depuis plus de 15 jours à l’autre bout de la planète, des listes de pilotes non-grévistes qui circulent avec des idées de vengeance comme ne pas accepter de voler avec eux, leur interdire le surclassement… Une bonne ambiance dans les cockpits en vue et cela est dangereux pour la sécurité des vols. Il n’est point nécessaire de dire qu’Air France n’a pas les moyens de se « payer un nouveau crash ».
Les Suisses avaient une compagnie aérienne nationale, elle a fait faillite et les Suisses ne s’en portent pas plus mal. Le même scenario pourrait tout à fait se passer chez nous et, comme la nature a horreur du vide, une autre structure prendrait la place, comme en suisse…