Asiana 214 : entre rêves et réalité…
Décidément, Mr LABARTHE n’a peur de rien et surtout pas de manquer d’objectivité…
Il vient de poster sur son Blog (hébergé par un site qui aime le « sulfureux ») un article dans lequel il utilise SA lecture du rapport du NTSB sur le crash du vol Asiana 214 pour, comme il aime le faire, titiller Air France et encenser Airbus.
Dans ce post, il affirme que « Boeing se fait sérieusement allumer » par le NTSB. Mr LABARTHE ayant l’amabilité de fournir les liens vers ledit rapport, je suis allé en lire les conclusions. Dans les causes de l’accident, le rapport énonce une longue liste de critiques envers… la gestion du vol faite par l’équipage : « La cause probable de cet accident trouve son origine dans l’incapacité de l’équipage à gérer le plan de descente de l’avion durant l’approche à vue, la désactivation involontaire de l’auto manette par le pilote aux commandes (voir note 1), un contrôle insuffisant de la vitesse par l’équipage, et la décision de remise de gaz tardive après que l’équipage a réalisé que l’avion est en-dessous du plan d’approche et hors des tolérances de vitesse. » Rien d’accablant pour Boeing ! En fait, le rapport émet bien des critiques envers Boeing, mais elles ne figurent pas au chapitre des causes, mais des facteurs contributifs, ce qui est totalement différent : « Ont contribué à cet accident : la complexité des systèmes d’auto manette et de directeur de vol (voir note 2) qui étaient insuffisamment décris dans la documentation Boeing. »
Quand Mr LABARTHE dit « Boeing se fait sérieusement allumer », le NTSB dit « Les systèmes Boeing sont complexes et leur fonctionnement pas suffisamment décris ». Qui croyez-vous ?
N’étant plus à une contradiction près, il dit quand même « les lacunes identifiées sont considérées comme le résultat de déficiences de la Cie et de l’instruction dans ces domaines », pour mieux asséner ensuite sa petite diatribe contre Air France : « De quoi sérieusement enfoncer la défense d’Air France (…) dans le cadre d’un futur procès ». Mais Mr LABARTHE ne s’arrête pas là : « En revanche Airbus, pourra très certainement tirer un grand profit de ce rapport tant il pointe les insuffisances de Boeing en matière d’automatismes, insuffisances qui n’ont jamais été relevées contre Airbus ». Si Mr LABARTHE n’est pas au courant des « insuffisances » d’Airbus en matière d’automatisme, il faut se demander s’il est réellement pilote sur Airbus, et pourquoi il a été instructeur sur ces appareils… Si je peux l’éclairer, il y a eu plusieurs OEB (recommandations du constructeur) concernant des problèmes d’automatisme, dont deux sont toujours actif et concernent les approches classiques et l’absence d’engagement des modes (OEB 42 et 46 respectivement). Il y a eu de nombreux incidents et accidents où la gestion des automatismes Airbus a été directement mise en cause : Bangalore, Perpignan, Quantas, Eva Air… et sans doute aussi le Rio. Concernant ce dernier, j’espère que Mr LABARTHE lira MON interprétation du rapport du BEA qui ne va pas tout à fait dans le même sens que la sienne ou celle des journalistes… (Publié bientôt)
Vous aurez compris par vous-même que lorsque Mr LABARTHE s’épanche sur un crash Air France, il accuse les pilotes, la compagnie et sa formation en occultant les tenants techniques ; alors que quand un avion étranger s’écrase à cause de grave déficiences au niveau de l’équipage (dixit le NTSB), il accuse Boeing ! Bel exemple d’objectivité…
Note 1 : Automatisme qui permet (entre autres) d’ajuster la poussée pour conserver la vitesse choisie par l’équipage. Note 2 : Système qui donne des informations de guidage aux pilotes pour suivre la trajectoire programmée. L’article: http://blogs.mediapart.fr/blog/herve-labarthe/090814/crash-asiana-airlines-san-francisco-vol-214Christophe C