Nouvelle passe d’arme entre les compagnies Brussels Airlines et Ryanair. La charge vient cette fois de la compagnie irlandaise qui porte plainte contre le plan d’aide de l’Etat belge aux compagnies aériennes nationales, dont le premier bénéficiaire est Brussels Airlines.
Selon une source très proche du dossier, Ryanair ainsi est l’une des deux compagnies à avoir saisi la Commission européenne pour lancer une enquête sur cette aide jugée « discriminatoire » par Michael O’Leary, le patron du transporteur irlandais. Ryanair a aussi écrit aux trois compagnies belges afin qu’elles n’acceptent pas cette aide sous peine de se voir intenter une action en justice.
Pour rappel, le plan d’aide aux compagnies aériennes belges prévoit une enveloppe de 19 millions d’euros, dont 14,5 doivent retomber indirectement dans les caisses de Brussels Airlines. Le but du secrétaire d’Etat à la Mobilité, Melchior Wathelet (CDH), est de donner un coup de pouce aux compagnies belges contre la concurrence jugée « déloyale » de certains transporteurs étrangers, dont Ryanair qui opère avec du personnel belge mais officiellement enregistré en Irlande, localisation nettement plus avantageuse d’un point de vue fiscal et social.
Pour éviter de s’attirer les foudres de la Commission européenne, qui interdit les aides directes d’Etat, Melchior Wathelet a décidé d’appliquer un mécanisme particulier. Dans un premier temps, l’Etat fédéral alloue une enveloppe annuelle de 19 millions d’euros à l’aéroport de Bruxelles National pour ses frais de sécurité, « soit une aide publique autorisée par la Commission européenne » , d’après le cabinet Wathelet.
Dans un deuxième temps, Brussels Airport redistribue ce montant, via un principe d’ »incentive », aux compagnies qui dépassent les 400 000 passagers par an au départ de Zaventem (hors transfert). Or, les trois compagnies répondant à ce critère en 2012, date à laquelle le mécanisme est fixé, sont les trois compagnies belges (Thomas Cook, Brussels Airlines et Jetairfly). Ces trois compagnies ne paieront donc plus leurs frais de sécurité à Brussels Airport durant les trois prochaines années (le système est rétroactif pour 2013).
Etienne Davignon est « confiant »
Mais certaines compagnies étrangères ont bondi en découvrant ce plan qu’elles jugent discriminatoire. Ryanair ou Vueling vont ainsi largement dépasser ce chiffre de 400 000 passagers en 2014 à Brussels Airport, mais ne bénéficieront pas de cette exonération car elles n’atteignaient pas ce chiffre en… 2012. Michaël O’Leary avait d’ailleurs déjà annoncé la couleur : « Nous serons dans la longue file des compagnies qui porteront plainte contre ce plan » , avait-il expliqué lors de son dernier passage à Bruxelles. Ryanair aura attendu que le plan devienne réalité (l’arrêté royal vient d’être adopté) pour attaquer l’Etat belge. « Tout est réglé » , explique ainsi laconiquement, Etienne Davignon, le président de Brussels Airlines, qui se dit « confiant » par rapport à l’enquête lancée par la Commission européenne. Celle-ci a annoncé ce vendredi devoir déterminer « si le financement accordé par les autorités belges à l’aéroport national et/ou à certaines compagnies est légal et s’il répond aux règles édictées en matière d’aides d’Etat » .
« Melchior Wathelet a apporté des réponses pertinentes à toutes ces questions » , explique Etienne Davignon. Contactée par « La Libre », Ryanair refuse de commenter l’affaire.
A noter que Brussels Airlines a déjà inscrit ce montant d’aide dans son budget 2013. Si la Commission européenne donne raison à Ryanair, la compagnie belge, déjà dans le rouge, va devoir combler ce gouffre financier.
Source: lalibre.be