Ci-dessous, le témoignage de Julien, 34 ans, habitant à Paris. Actuellement PNC chez Air France. Il nous parle de ses études et ses expériences. Ainsi que sa vie en tant que steward et l’image que les gens ont de son métier.
- Formation et parcours
J’ai passé un baccalauréat L2, Lettres et Langues puis un BTS Tourisme-Loisirs, service militaire et formation billetterie : sachant que ces études supérieures ont été faites dans un seul but : servir de roue de secours si je ne parvenais pas à être steward puisqu’il n’y a pas de diplômes universitaires spécifiques à avoir pour être navigant.
Pendant ma formation billetterie j’ai profité des vacances pour passer mon CSS (l’actuel CFS sans les modules CRM et Matières Dangereuses). Obtenu en février 1999.
Mars 1999 sélections Air France sur 2 jours : réussite et embauche en CDI avec 6 mois de période d’essai
Début du stage Air France : le 18 juin 1999 et mis en ligne le 31 juillet 1999
J’ai débuté sur moyen courrier « Europe » (Europe, France, pays de l’Est, Russie, Israël, Turquie, Afrique du Nord…) pendant 2 ans, spécialisé sur Airbus 318/319/320/321 et Boeing 737.
J’ai demandé ma mobilité sur long et mis sur la division Amériques pendant 4 ans et demi. 80% de mes vols s’effectuaient sur ce secteur, le reste était un ou 2 vols sur l’Afrique ou Asie. Très peu de vols sur la divisions Caraïbes Océan Indien. Spécialisé sur A 330/340, B 767, B777-200/300.
Volontaire pour travailler en « P », la Première classe, je participe à un stage afin de mieux connaître la clientèle. Dans le même état d’esprit je passe les sélections pour voler sur Concorde, par anticipation car il fallait 4 ans d’ancienneté et j’ai eu la chance d’avoir un cadre qui croyait en moi et a su convaincre la chef du secteur Concorde que les quelques mois d’ancienneté qui me manquait n’enlevait rien à mon professionnalisme (dixit le cadre). Sélections réussies, en attente du stage de spécialisation sur l’avion, qui n’aura jamais lieu puisque l’avion est stoppé en mai 2003. Enorme déception.
Pas très fan des vols très longs, au-delà de 9h de vol ça devient un calvaire pour moi car je ne dors pas à bord pendant les tours de repos et les gardes me paraissent interminables. La gestion du décalage horaire en escale ne me posait aucun souci si j’allais à l’Ouest mais les vols vers l’Asie étaient durs à gérer côté jet lag et sommeil.
Je reviens sur la division Europe et ça fait maintenant 4 ans que j’y suis. Tuteur, j’essaie d’aiguiller les nouveaux embauchés dans le métier : que ce soit les méthodes de service, fonctionnement de la compagnie, où trouver telle ou telle information. Le poste de chef de cabine m’attire , je me présente mais je ne suis pas pris : j’ai eu le malheur de faire grève il y a 3 ans (on remonte à 3 ans dans votre dossier pour voir vos « erreurs »).
- Ma vie de Personnel Navigant
En escale libre à chacun de faire ce que bon lui semble : sortir/diner avec l’équipage ou seul, aucune contrainte. On peut aller se coucher en arrivant en escale, partir en vadrouille culturelle/loisirs/shopping, chacun mène sa vie d’ « expatrié temporaire » à sa façon. On arrive généralement à trouver au moins un collègue avec qui on accroche bien, ça rend l’escale plus sympa, pour aller diner, sortir. Parfois je me sens plus l’âme d’un sauvage qu’autre chose : mauvais jour, fatigue ou autre, du coup je préfère rester tranquille à faire ma vie seul, sans forcément rejoindre l’équipage pour boire un verre etc, personne ne vous jugera. Un phénomène depuis quelques années maintenant : la technologie coupe les ponts : accès internet dans les chambres d’hôtels, lecteur dvd perso : je trouve que les PNC sortent moins et ne voient pas la lumière du jour, question de caractère aussi, je ne généralise pas, je compare par rapport à mes débuts où les sorties en équipage étaient beaucoup plus fréquentes.
La patience, grande amie du PN : découvrir à chaque vol de nouveaux collègues, différentes générations, différents caractères, supporter l’humeur/l’humour de chacun, il faut s’adapter le temps d’une rotation : une journée ou une semaine.
- Ce qu’on pense des PNC
« c’est génial vous êtes payés pour voyager, c’est comme des vacances » voilà ce que pensent une majorité de personnes en dehors du métier : en effet je ne paye pas pour aller dormir à Tokyo, Munich ou Bordeaux. On profite bien si on se fait un peu violence parfois car l’escale peut-être courte ou un lever tôt peut calmer vos envies de sorties : c’est là que les « vacances » prennent une tournure particulière : je ne mets pas de réveil à 4h du matin quand je suis réellement en vacances, je pars quand je veux je vais où je veux : là on me dicte mes vacances, ça peut donner une image aigrie mais ça n’est pas le cas : passer des heures dans un avion avec des clients qui parfois vous répondent « 22B » (leur numéro de siège) en guise de bonjour, travailler avec des collègues qui ont autant envie de sourire et d’être aimables que de se pendre, je me dis que les « vacances » commencent mal.Il ne faut pas oublier que c’est avant tout un travail, il y a des moments géniaux, de supers équipages, de très beaux hôtels : une vie de milliardaire fauché, mais ça reste du travail avec ses contraintes comme dans toutes professions.
« Vous avez des billets pas chers » : en effet, si je prends mon exemple, je suis parti les 6 derniers mois à St-Martin aux Antilles, à l’île Maurice et New-York. Sans nos billets à particularités je n’aurais jamais fait tout ça. C’est un des avantages du métier mais il ne faut pas se lancer dans cette profession seulement pour ça, sinon l’ennui arrive vite.
« Tout le monde couche avec tout le monde » entendons-nous aussi : non, y a des histoires comme partout, pas besoin d’être navigant et d’aller à los angeles pour tromper son conjoint : c’est une question de personnalité avant tout, pas de métiers ou alors les gens sont très influençables et manquent de personnalité. Ne pas oublier que le PNC doit aussi avoir confiance en sa moitié lorsqu’il est en escale.